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 Wight light white

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Vassili Liekaterinev

Vassili Liekaterinev


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MessageSujet: Wight light white    Wight light white  EmptyMer 19 Sep - 17:34

https://www.youtube.com/watch?v=OMyyxR53RQA

Novozarevska, Septemtrion, Hivers 225



L’atmosphère se figeait d’avantage de minutes en minutes, s’accordant au soleil qui déclinait derrière les silhouettes démesurées des Citadelles tempérées dont les ombres immenses dévoraient rapidement la ville basse, anticipant la tombée de la nuit polaire. Les trottoirs pavés se couvraient de givre blanc, les passants abandonnaient les rues s’abritant au plus vite dans les bâtisses proches. Les âmes errantes se terraient dans les ruelles cherchant la chaleur des vapeurs brulantes et nauséabondes de télifuel qu’exhalaient les bouches de métro.

C’était ce moment là, ces quelques minutes d’agitation muette rythmées par le grondement du vent arctique, ces quelques minutes d’inattention anxieuse où les esprits tendaient unanimement vers la même question : Les Citadelles allaient-elles consentir à lancer les générateurs ou faudrait-il attendre 15h dans la nuit, survivre au gel, survivre à ce que la lumière repoussait dans les profondeurs de la Toundra…

C’était ce moment là que choisissaient les jeunes voleurs pour sortir de l’ombre et s’abattre en nuées intangibles sur la foule attentiste. Fauchant les valeurs des distraits terrorisés, redoublant d’habileté pour ne surtout pas se faire attraper : sans quoi l’anxiété de la masse se changeait vite en violence aveugle. Souvent lorsque la lumière revenait on retrouvait sur les pavés gelés le corps d’un pickpocket maladroit silencieusement écartelé. Il était alors tout aussi silencieusement évacué par les éboueurs qui jetaient son corps avec d’autres ordures dans les incinérateurs, assurant ainsi à ses assassins quelques minutes de chauffage supplémentaires.

*
Les lampadaires s’allumaient par rangées, flux salvateurs d’énergie qui redonnaient vie au réseau de la ville-basse. Les rues s’animaient de nouveau, les commerces rouvraient leurs portes, la foule quittait brusquement son mutisme et reprenait son chahut…Montrant à leurs voisins nantis des hauteurs qu’ils existaient encore.

Dissimulé dans l’ombre glaciale d’une ruelle, Vassili regardait le corps inerte d’un enfant sur le trottoir d’en face. Pas assez rapide, trop jeune. On avait brisé ses os comme on arrache ses pattes à un insecte, et sa jolie petite tête blonde de Septentrionin était éclatée sur le sol gelé. Le regard vitreux effrayé, le nez cassé d’où coulait son sang encore chaud, la petite joue déformée par les coups et que le givre attaquait déjà. Vassili ne parvenait pas à détourner son regard, il aurait voulu sortir de l’ombre, voir de plus près ce cadavre qui aurait pu être le sien, ne pas le laisser là dans l’indifférence. Il recula lentement sans quitter l’enfant des yeux et disparu dans la ruelle, les poches pleines de portefeuilles, le cœur rempli de haine.


***

Elle travaillait, assise à la table de la cuisine, faiblement éclairée par le plafonnier de verre teint. D’un geste souple elle ramena ses longs cheveux sombres en arrière dégageant sa nuque blanche. La maigreur ne diminuait en rien ses charmes, ajoutant à sa beauté liliale la séduction de l’éphémère. Ses vêtements usés lui seyaient aussi bien qu’une robe de soie, et lorsqu’elle s’invitait en trichant à une soirée chic de Charleston elle brillait d’autant plus qu’elle demeurait splendide même vêtue d’un chiffon. Aussi les prétendants se multipliaient-ils, sans jamais lui convenir : elle avait l’ambition des femmes cultivées de petite condition dont le seul espoir réside en leurs attraits. Elle griffonna quelques mots sur une feuille de papier abimée puis jeta un coup d’œil inquiet à la pendule, portant ses belles mains à sa bouche grenat.

Vassili claqua alors la porte, depuis l’entrebâillement de laquelle il avait observé en silence sa sœur, et retira ses chaussures trouées et détrempées. Elle sursauta et se tourna vers l’entrée, puis se leva et le pris dans ses bras :

« Vassia la nuit est tombée…Tu as fait ce que je t’ai dit ? »

Il resta immobile, figé dans cette étreinte, le regard fixé sur le mobilier minable de la cuisine, bercé par l’odeur de sa peau et par les claquements sourds du générateur. Le visage de l’enfant lui revenait par bribes. Sa gorge se serra, il s’enfouit dans la masse de cheveux lisses et sanglota un instant. Elle sentait l’acajou chaud et le frangipanier, l’odeur du siam, l’odeur de leur mère, tant d’années après…Impossible. Elle entrait encore dans son esprit pour lui imposer des images, des mensonges. Putain de sorcière.
Il se détacha d’elle.

Elle ramena un doigt devant sa bouche ordonnant le silence, et désigna d’un mouvement de tête la porte de la chambre communautaire. Il ne fallait pas « le » réveiller. Il vida ses poches, étalant sur la table quelques billets, une montre à gousset et une bague d’argent.

Avec ça ils pourraient payer la facture et avoir de nouveau de l’eau chaude. Si Nicolaï l’apprenait, Vassili se ramasserait une rouste à même de lui faire regretter de ne pas avoir été à la place du gamin. Mais la seule chose qui comptait c’était lui et Sophia, c’était vivre encore un peu.

Et bientôt, Range Harbor.
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