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 [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais.

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Derek Reko Sellis

Derek Reko Sellis


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MessageSujet: [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais.   [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais. EmptyMar 11 Sep - 21:37

La journée commençait.
Depuis quelques temps, il ne saurait situer le début avec précision, Derek se sentait envahi par une vague de lassitude et d’inintérêt générale. C’était le genre de chose qu’il détestait dans la vie. Les choses contre lesquelles on ne peut pas se battre. Bah de toute façon, même s’il y avait possibilité d’affronter un problème de front, il ne le faisait pas. Il n’était pas assez fort pour relever les défis...

Le même genre de pensées embrumait sa tête en allant au bahut. Une fois classe, il coupa le morceau d’E.r.a.c.t.o.e.z.z.* et se résolut à suivre en cours, ou du moins à feindre l’illusion. La sonnerie de midi retentit. Inutile de préciser que Derek mangea seul avant de retourner écouter d’autres professeurs dans le même état d’esprit.

C’est la stagnation totale et j’ai rien envie de foutre pour que ça change.

Mais alors que la fin des classes approchait, une idée germa dans son esprit. Elle s’y était insinuée imperceptiblement depuis plusieurs heures et avait lentement couvée jusqu’à ce que son heure arrive. L’heure d’éveiller une étincelle de joie, un sursaut d’intérêt et une esquisse de sourire en Derek.
Une fois chez lui, il allait faire un donjon sur Empire Anarchy.
Ce fût donc d’un pas sensiblement plus soutenu que Derek rentra chez lui. Mais comme d’usage, il fit un détour par une route moins fréquentée pour aller chez lui. Il n’était pas particulièrement philanthrope.

Tout à coup, Derek fut pris d’une forte migraine. En l’espace d’un battement de cœur, il eut l’impression qu’on martelait son crâne depuis l’intérieur. Par réflexe, il ferma les yeux et il saisit sa tête entre ses mains dans le vain espoir d’atténuer la douleur. Cette action dévia sa trajectoire si bien qu’il s’était engagé de quelques mètres dans une étroite venelle.
Lorsqu’il recouvra la vue, il s’aperçu de la présence d’une adolescente recroquevillée sur elle-même dans une alcôve de la ruelle, la respiration rendue haletante par un récent larmoiement.

Aujourd’hui encoure il ne s’explique pas son comportement… Peut-être était-ce à cause de la douleur ?... Quoi qu’il en fût, Derek lui adressa la parole :

-Euh… ça va pas ?
Quelques secondes s’écoulèrent avec que la fille ne calme sa respiration.
-Si ça ne va pas ?... SI CA NE VA PAS ?!
Je vais dire ce qui ne va pas… Vous êtes tous pareils. TOUS ! Vous avez tous le même regard vide et hagard en cours, vous dénigrez le peu d’étudiants qui travaillent sérieusement. Vous ne dites jamais rien d’intelligents, vous jugez par a apriori et vous critiquez ! Vous cherchez par tous les moyens à vous défoncer le cerveau en soirée. Philosophie, psychologie, introspection et existentialisme sont pour vous synonymes de « space » ou « zarbi »… Vos réflexions se limitent aux amis, à la famille et aux études… Seulement dans les meilleurs des cas… Ma génération… la jeunesse… Vous… Je vous déteste. JE VOUS DETESTE !

Elle contient un sanglot avec peine et reprend plus faiblement.
-Surtout vous, les garçons… Vous ne pensez qu’au sexe… Une fille, pour vous c’est… c’est un réceptacle. Un simple réceptacle pour votre... truc dégueulasse ! J’avais cru qu’il était différent, lui… Qu’il sortait un peu du lot… juste un peu… mais non…
-Qui ?
-MAIS TA GUEULE, TOI !... Je… Je ne te connais même pas. Je sais pas pourquoi je te dis tout ça… Je dois y aller…


Et devant un Derek bouche béante, elle resserra ses rollers et se leva lentement. Lorsqu’elle fut debout, elle s’essuya ses larmes d’un revers de main et regarda brièvement l’adolescent avant de lui lancer un sourire mi-nerveux mi-coupable :
-Désolé, je sais ce qui m’a pris… il fallait que ça sorte… J'aurais pas dû dire ça...
-Ah ? Ah… N-Non ! C’était… wouaw… c’était bien. C’était intéressant, même…


La fille n’ajouta rien. Elle s’élança énergiquement sur la route et se fit de plus en plus petite pour Derek. Ce dernier avait l’impression de passer à côté de quelque chose d'extrêmement important, il n'avait pas encore clarifié tout ce qu'il venait d'entendre… Il lui lança sans réfléchir :
-Hé ! C’est quoi ton nom ?
-Mégane !

_______
*Voir présentation de personnage.




Dernière édition par Derek Reko Sellis le Sam 2 Mar - 2:49, édité 1 fois
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Derek Reko Sellis

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MessageSujet: Re: [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais.   [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais. EmptyLun 1 Oct - 22:40

[hrp]Petite insertion libre d’un nouvel élément du background cyberpolitain. Faites-moi signe si ça ne joue pas. Ah et je n’ai pas la moindre idée de la hauteur moyenne des bâtiments d’une citadelle… [/hrp]


Mégane…

Les paroles de cette fille faisaient écho dans la tête de Derek depuis plusieurs heures. Sans être d’une complexité remarquable, son discours déstabilisa l’adolescent. Elle lui avait décrit sa situation de jeune homme de seize ans avec une concision déconcertante. Bon, il y avait sûrement matière à approfondir mais l’essentiel était là.
Il passa la majeure partie de sa soirée allongé sur son lit, à réfléchir vaguement. Des idées se formaient dans sa tête sans qu’elles n’aboutissent à quoi que ce fût. Il n’arrivait pas à poursuivre la pensée sur laquelle Mégane l’avait lancé. Il devait la revoir.
Derek ferma les yeux et tomba dans un sommeil profond comme il n’en avait pas vécu depuis longtemps.

Durant cette nuit, un rêve mémorable concerna lui et Mégane. Je vous en narrerai bien les détails mais mes chastes mains ne peuvent s’y résoudre. Détournons-nous des fantasmes oniriques de l’adolescent et retrouvons le au collège le lendemain.

Au matin, parmi la foule d’étudiant de la cour d’enceinte, Derek entraperçu la chevelure sombre et ocre de Mégane. Il fendit résolument la foule pour venir jusqu’à elle. Elle s’était arrêtée et regardait Derek s’approcher, adossée à un mur.

« -Ah tiens, mon exutoire d’hier... Encore désolée pour ça. Je ferai mieux de disparaître et t’épargner mes futures crises.
-Non. En fait, je… J’aimerais qu’on parle plus. »
Quiconque eut connu Derek plus que Mégane ce serait étouffé en entendant cela.
« -Alors tu étais sérieux quand tu disais que ça t’intéressait ?
-Ouais. »
Mégane le regardait intensément. Dans ses yeux étrangement clair et réfléchissant, Derek distinguait sa silhouette. Il frissonna mais soutint le contact jusqu’à ce que la fille lâche brusquement :
« -Bon là j’ai pas trop le temps… Retrouve-moi au parking de la holo à vingt heures, ok ?
-Euh… ok.
-Mets des habits chauds », renchérit-elle avec un clin d’œil.

Derek passa le reste de sa journée perdue dans ses pensées. Les évènements s’enchaînaient rapidement pour quelqu’un qui n’avait jamais prononcé une phrase contenant un sujet, un verbe et un complément devant une fille jusqu’à lors. Il l’avait approchée avec une facilité déconcertante. Rien ne l’indiquait, mais cette fille semblait pleine d’esprit. Et elle s’exprimait si aisément…
Qui était-elle ? Était-elle cent pour cent technopolitaine ? Il avait entendu parler de sang-mêlé qui donnait à des gens normaux des capacités hors-normes…

Putain je ne pense vraiment plus qu’à elle… Serait-ce… ? Non, non… Oublie.

Le soleil déclina à l’ouest, comme il en avait l’habitude depuis plusieurs milliards d’années, et le soir vint. Derek attendait sur l’esplanade bétonnée du plus grand transmetteur d’émissions holographiques de la Citadelle de Range Harbor. Il portait une polaire synthétique et se demandait pourquoi. Il allait certes faire nuit mais le ciel était clair et il ne ventait pas. Puis il cessa de se demander quoi que ce soit ; Mégane apparut, tout souriante.

« -Je suis contente. J’avais peur que tu me prennes pour une folle et que tu ne viennes pas…
-C’est bon. Je suis là. Mais pourquoi ici ? »
En guise de réponse, l’adolescente agita une carte magnétique frappée de l’acronyme h.o.l.o. devant le visage de Derek et chuchota :
« -J’ai piqué ça à mon père. Suis-moi. »
Sans poser de questions, il la suivit.
Le duo progressa rapidement au travers du parking pour arriver devant une étroite porte sur le flanc de l’imposant gratte-ciel. Mégane fit coulisser sa carte dans une console d’ouverture, ouvrit le battant et s’engouffra dans la superstructure. Derek lui emboita le pas.
Ils montèrent des escaliers de maintenance au rythme soutenu de Mégane pendant une bonne vingtaine de minutes. L’ascension se fit dans un silence total. Exténué, Derek prit du retard sur l’adolescente. Il la retrouva après avoir franchi le seuil de l’espace maintenance qui donnait sur le sommet. Elle était au centre d’une plateforme d’atterrissage pour hélicoptère, les bras en l’air, à moitié éclairée par les faisceaux lumineux. Ses cheveux et ses vêtements s’agitaient violemment aux rythmes des bourrasques du vent de haute altitude.

Je dois rêver…

« -Ahh ! J’adore cet endroit ! Mais il y a encore mieux. Viens ! »

Des filets de sécurité avaient été installés autour des bords du bâtiment. Mégane sauta dessus avec l’aisance que donne l’habitude. Elle roula sur elle-même en riant, séparée par quelques fils entrelacés d’une chute vertigineuse.
Derek resta coi un certain temps devant ce spectacle. Mégane attendit patiemment qu’il finisse par s’avancer à quatre pattes sur le filet. Elle roula dans sa direction avant de le regarder droit dans les yeux et lui dire :

« -Bon... Parlons plus ! »
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Derek Reko Sellis

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MessageSujet: Re: [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais.   [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais. EmptySam 2 Mar - 2:49

[hrp] Changement de narrateur, Derek vous racontera son histoire bien mieux que moi [/hrp]

Et nous avons parlé, ce soir-là. C’était comme si je m’entendais penser à nouveau. Nous avons dévoilé qui nous étions, sans gêne et sans retenue. Elle m’a parlé de son enfance, ses parents, les évènements marquants de sa vie, ses amis, sa façon de voir les choses, ses opinions, ses convictions.
Je crois pouvoir dire que c’était la première fois que j’entendais ça… quelqu’un s’ouvrir de la sorte. C’était magnifique. Ses yeux réfléchissaient la clarté de la Lune qui s’était peu à peu découverte durant la nuit et me regardaient avec une intensité inusitée. Ce n’était pas comme avec n’importe qui où le contact oculaire est gênant après deux secondes. Là, elle ne m’a presque pas lâché et je n’avais aucune envie de la fuir.
Cette discussion avec cette fille m’a fait découvrir quelque chose de beau, passionnant.

Soudain une composition au piano puissante et entraînante retentit. Mégane porta vivement sa main à sa montre-bracelet, comme par réflexe.

« -La vache, c’est mon réveil ! Il est six heures du matin !
-Sérieusement ?
-Puisque je te le dis… bon, on va aux cours ? »

Nous étions rapidement revenus sur nos pas, en évitant de se faire remarquer par des employés qui arrivaient déjà. Ils avaient le teint pâle et fatigué. Mégane s’était arrêtée un moment pour en voir un sortir de sa voiture. Elle finit par lâcher en grimaçant :

« -Franchement, c’est à ça que tu veux ressembler plus tard ? Un mollusque blafard et grégaire qui perd huit heures de ses jours pour de l’argent ?
-Si tu veux avoir un toit et de la bouffe, t’as pas trop le choix. Et encore, notre niveau de vie de technopolitain est le plus enviable au monde.
-C’est peut-être vrai pour ici, mais je suis sûr qu’un mage te dirait tout autre chose…

On ne s’était pas attardé. Une fois avoir gagné le lycée, nous nous étions donnez rendez-vous au même endroit le surlendemain, un vendredi, avant de nous séparer. Je dormis la grande majorité des cours puis je suis reparti chez moi. Je revis l’endroit où je l’avais vu, elle, pour la première fois. J’avais à peine appris son nom ce jour-là et maintenant j’avais l’impression de la connaître mieux que personne.
J’ai fini par rentrer chez moi et après avoir passivement essuyé les brimades de ma mère pour mon escapade nocturne, je suis monté dans ma chambre où je me suis affalé comme une poutre jusqu’au matin. Ça faisait un moment que je n’avais pas dormi plus de quatre heures d’affilés.
Le jeudi s’était enchaîné normalement, sans rien de particulier. Je n’ai pas croisé Morgane dans les couloirs et j’ignorais où était sa classe. J’avais passé du temps avec cette fille pleine d’énergie et mon quotidien me paraissait d’autant plus morose, maintenant que je le comparais à sa fréquentation.
Le soir vint et j’eus droit à un sermon plus soutenu de la part de ma mère et de mon père, qui nous avait fait l’honneur de sa présence cette fois-ci. Je m’en suis tiré avec un piètre mensonge : j’ai passé une nuit chez un ami qu’ils ne connaissaient pas. Moi qui n’avais jamais dormi en dehors de mon lit en dehors de voyages familiaux, la chose était d’importance. Mes parents ne poussèrent pas la discussion plus loin.
Je peinai à trouver le sommeil. Cependant, Mégane vint me voir dans mes rêves. Elle courrait dans ma direction en riant et me fit un énorme câlin, avant de partir silencieusement.

Le jour parut et je retournai dans mon collège, passage obligé pour tous ceux qui veulent avoir un poste important dans le monde professionnel, et ce afin d’amasser de l’argent au détriment des autres pour s’acheter de la merde qui sert à rien. Je m’égarais souvent dans ce genre de réflexion en espérant secrètement que lorsque j’y serai, les choses ne seront pas réellement ainsi.
Le lycée, la classe, les groupes qui rient dans mon dos, les cours, la bouffe industrielle, les cours et enfin la délivrance. Enfin, cette délivrance allait me permettre de voyager dans le monde d’Empire Anarchy, qui était une forme d’enfermement plus forte encore, dans un sens.
Tss… au moins, j’aimais ça.
Personnage loggé, le déclic se fait et je ne suis plus moi. Je n’avais jamais parlé de jeux à personne, remarquai-je alors que j’avais quitté mon ordinateur pour vidanger. Peut-être pourrais-je en parler à Mégane ce soi… merde !

« -Tu es en retard ! » m’avait lancé Mégane d’un ton faussement accusateur alors que j’arrivai au pied de la holo tour.
« -Ouais, je sais, désolé. J’ai… je jouais à un jeu vidéo.
-Bon viens, je préfère parler en altitude. »
Nous avons fait la même ascension d’il y a deux jours pour nous allonger une nouvelle fois sur ce filet de sûreté. Après s’être confortablement installée, Mégane me demanda :
« -Ben par exemple, pourquoi est-ce que tu joues aux jeux vidéo ? Tu as l’air d’aimer ça… ton t-shirt empire-anarchy te trahit !
-Mmh… Cela me permet d’accéder à un univers différent du mien et y suivre, voire incarner un personnage vivant des aventures fabuleuses. J’y consacre une grande majorité de mon temps libre. Pour tout dire, j’essaie de retrouver ces autres univers dès que j’en ai la possibilité, c’est-à-dire dès que je ne suis pas au lycée ou à l’entraînement d’art martial mixte. En couplant cela avec le fait que je ne dorme pas beaucoup, ces moments peuvent valoir cinq à six heures par jour pendant la semaine.
Certaines personnes m’ont dit que ces occupations étaient enfantines et que quelqu’un comme moi ne devrait pas y passer autant de temps. Il me faudrait passer à autre chose, m’investir dans le monde réel. Je n’en ai absolument aucune envie. Ce que me propose la vie d’un jeune homme cyberpoltain est inintéressant, voire même navrant. Toi-même tu l’as dit :
A la citadelle, la société où le technopolitain moyen a de loin le niveau de vie le plus enviable au monde, les gens se lèvent cinq jours sur sept à une heure indésirable pour travailler. Nous nous conformons à ce que notre entourage juge normal, nous tâchons de ne pas contrevenir à nos supérieurs hiérarchiques, nous nous affairons à une besogne pénible et monotone pendant environ huit heures par jour pour gagner de l’argent et nous acheter des choses inutiles, en dehors de la nourriture et un toit. Toute cette routine se déroule bien sûr dans une abstraction totale de la certitude que chaque individu va mourir en laissant aux générations suivantes, dans le meilleur des cas, quelques souvenirs qui s’oublieront fatalement. Et quand bien même, cet héritage ne servira finalement à rien car l’humanité s’éteindra elle aussi d’une manière ou d’une autre. Il semble qu’il y ait un réel effort pour oublier que, selon la science, l’humanité ne vient de nulle part, se dirige nulle part et tout ce qui se produit avant son extinction est donc dénué du moindre sens.
Certes, il y a des bons côtés à l’existence. Un travail gratifiant, des amis sympathiques, des possessions matérielles satisfaisantes en sont des exemples. Mais pour moi, ce genre de petites réjouissances n’arrivent pas à chasser le spectre de l’absurdité de la vie humaine. D’ailleurs, affectionnant la fainéantise et la solitude, je ne pense pas trouver grand bonheur dans le labeur ou l’amitié. Bien sûr, je pourrais plus tard te tenir un autre discours (et je l’espère), mais pour l’heure c’est sincèrement ce que je constate chez moi. En revanche, pour les biens matériels ; les livres, les BDs, les mangas et les jeux vidéo m’apportent quelque chose. Pour tout dire, ils sont autant de sorties vers des univers plus heureux.
Voilà pourquoi je lis et je joue beaucoup.
A cela s’ajoutent des considérations moins philosophiques. Le phénomène m’est difficile à exprimer clairement sans avoir étudié la psyché, le comportemental humain. Mais pour dire les choses simplement, j’aime incarner des personnages hors du commun. Ce sont souvent des hommes forts, beaux et compétents. Ils combattent et sauvent des vies dans des aventures fabuleuses avec des compagnons extraordinaires. Ils traversent des régions inconnues et contemplent des paysages incroyables. Ils gagnent de l’expérience au cours d’évènements marquants, de grandes joies et de grandes peines. Comment trouver son quotidien creux et ennuyeux avec une vie comme celle-ci ?
Bien sûr, je parle là d’histoires et de fantasmes sortis de la tête d’un écrivain ou d’un développeur. Des fictions totales qu’il serait impossible de vivre ici. Pas au sens où je l’entends. Peut-être y aura-t-il des discussions décisives lors desquelles je pourrais faire preuve de détermination. Ou un jour vais-je sortir de mon confort pour voyager dans quelque pays reculé aux coutumes exotiques. Mais ce genre de choses font bien pâles figurent à côté de ce qui m’est permis de vivre par procuration en gamant. Il me semble que rien de ce qui m’est possible d’entreprendre dans le monde réel ne rivalisera avec le faste de mes aventures virtuelles.
Je crois pouvoir dire que nombre de mes bons souvenirs sont liés à une expérience artificielle. »

Ça devait sortir. En outre j’étais intimement convaincu que Mégane avait absolument tout compris. Elle m’avait écouté tout du long et laissa passer un long silence. Elle tendit finalement le doigt près de mon nez pour le faire tournoyer devant mes yeux en affichant une moue compréhensive, mais réprobatrice.

« -Je suis d’accord avec une partie de ce que tu as dit. Mais se réfugier dans le monde virtuel n’est pas la bonne attitude à adopter, à mon avis. Tu parles d’un monde navrant et une existence insensée, et tu sembles penser que ça ne changera jamais. Dans l’ensemble, tu as peut-être raison. La société ne changera probablement jamais et les guerres, les injustices, la discrimination, l’exploitation et la misère accompagneront toujours l’homme dans son errance. Enfin, c’est juste nos deux avis mais même si ce que nous pensons est totalement vrai, il est une chose qui semble t’échapper.
-Quoi ?
-Toi. Ce que tu vis, toi, lors du temps qui t’est imparti ne dépend que de toi. C’est à toi qu’il incombe de rendre ton quotidien moins navrant et ton existence censée. Rien ne t’empêche de sortir de ta routine pour vivre de manière véritablement personnelle. Les liens que tu créeras avec les gens que tu rencontreras et les expériences que tu vivras feront de toi quelqu’un de bien, j’en suis sûre. Une vie que l’on mène soi-même, voilà ce qui épanouit.
En plus, notre monde recèle une infinité de lieux, d’histoires et de personnes qui font voir les choses bien différemment que le fait la vie à la Citadelle. Il existe même des races différentes ! En cela, la Jonction est une chose merveilleuse, tu ne trouves pas ? Il y a tant de choses à faire et à vivre. Ne te laisse pas détruire par le milieu dans lequel tu évolues et le marasme qui en découle. Élève-toi au-dessus de tout cela. Ne te contente pas d’exister : vis ! »

C’était à mon tour de me taire. Je me suis entièrement allongé et j’ai assimilé ce qu’elle venait de me dire en regardant les étoiles. Je finis par souffler faiblement :

« -Et vivre la vie, ça commencerait ici en te parlant à toi, Mégane ?
-Si tu veux, oui. » avait-elle concédé avant de glousser en me regardant.
Nous avons parlé encore quelques heures avant qu’elle me dise avoir promis à ses parents de ne pas rentrer trop tard. Elle me laissa la carte magnétique de son père (une copie) avant de filer dans l’obscurité. Elle venait de me dire la chose la plus mémorable de ma vie et lorsqu’elle disparut, elle me laissa comme un vide béant dans mon esprit. Je restai encore un temps indéfinissable seul, au sommet de la tour, avant de rentrer chez moi.
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Derek Reko Sellis

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MessageSujet: Re: [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais.   [Retro : an 253] Je ne l'oublierai jamais. EmptySam 2 Mar - 2:50

Cela faisait une semaine, sept jours et environ cent soixante-huit heures que je retrouvais Mégane tous les soirs, depuis cette nuit du vendredi où les choses commencèrent à me paraître plus claires et plus belles. Nous nous étions vu dans différents endroits, n’entreprenant pas toujours la lente ascension de la tour holo, mais discutant toujours de manière aussi complice, plaisante et vivifiante.
Cette nuit, à nouveau sur ces filets de sécurité à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol, juste en face d’elle, la complicité de suffisait plus, je voulais que les choses aient plus loin.
Je l’observais depuis plusieurs minutes déjà. J’étais amoureux d’elle. Je le savais. Cet état fit naître peu de réflexions en moi. Il me poussa irrépressiblement à agir. Je devais lui dire.

« -… ce que tu penses de ce comportement ? »
J’avais perdu le fil de ce qu’elle disait. J’avais autre chose en tête :
« -Ecoute, Mégane, ce que je pense c’est que… Je t’aime.
-Tu… ?
-Je t’aime, Mégane. Je ne peux plus le garder pour moi. J’adore la fille que tu es. Du coup, je…
-Non. Ça n’est pas possible. »
Je n’étais pas expert en amour, mais en général, quand quelqu’un dit ça, c’est pas bon signe. Mais je nourrissais l’espoir qu’elle plaisantait et qu’elle…

« -Tu ne peux pas. Ressentir ça n’est pas… »

Elle avait l’air déconcertée avant de se mettre à réellement paniquer. Elle regagna le béton du sommet de la tour en me lançant toujours des œillades à la limite de l’hystérie. J’avoue que moi-même je n’étais pas bien non plus. Je m’empressai de lui dire :

« -J’ai peut-être été trop brusque en disant que…
-Tu ne comprends pas ! Je ne peux pas être… »

Sa voix faiblit doucement jusqu’à devenir inaudible. Elle fixa le sol pendant quelques secondes qui me semblèrent durer une éternité avant de relever la tête et de me jeter un regard désespéré.

« -Adieu, Derek. »

Elle se retourna et s’engouffra dans l’immeuble. Plus tard, j’ai réalisé que c’était la seule fois qu’elle m’avait appelé par mon nom. Je restai coi pendant un certain temps avant de me lancer à sa poursuite, ne comprenant rien à la situation. Mais je ne la revis pas.

Plusieurs jours s’écoulèrent sans que je n’aille aucune nouvelle de Mégane. Je n’avais trouvé aucune trace d’elle sur les réseaux sociaux ou même sur hypernet. Nous ne nous étions laissé aucune coordonnée, la certitude mutuelle de se revoir le soir suffisait amplement. Mais là, je n’étais plus sûr de rien, j’étais bouleversé comme je ne l’avais jamais été.
A un moment dans l’après-midi, lors d’un intercours, j’ai eu une idée et je ne pouvais plus attendre. Je couru au secrétariat en espérant avoir l’adresse ou le numéro de Mégane. Je m’arrêtai au comptoir d’information, essoufflé, avant de lancer au secrétaire le plus proche :

« -Excusez-moi, j’aurai besoin de l’adresse d’une élève. On doit se retrouver chez elle pour faire un exposé mais je ne sais pas où elle habite.
-Mm-mhh. Eh bien sans son nom je ne pourrais pas faire grand-chose.
-Ah oui, pardon. Il s’agit de Mégane. Mégane Wenda. »
L’employé pianota sur son clavier pendant quelques instants avant de me demander :
« -Vous êtes sûr que son nom de famille est Wenda ? W-e-n-d-a ?
-Il y en a d’autre ?
-Non, c’est vrai. En fait, il n’y en a aucune. Aucun étudiant ne répond au nom de Mégane ou Wenda.
-Comment ? Q-Quoi ? C’est pas possible ! Il doit y avoir une erreur elle a forcément ses…
-Ecoutez, jeune homme, ne me faites pas perdre mon temps. D’ailleurs la sonnerie a retentit, je pense que vous devriez être en classe.
-M-mais puisque je vous dis que CE N’EST PAS POSSIBLE ! Mégane suit ses cours ici, je l’ai même accompagnée !
-Dehors ou c’est le conseil de discipline. »

Je n’y comprenais rien. Je n’arrivais plus à penser correctement. Mon esprit était le théâtre d’une succession de pensées fragiles et paniquées, filant à toute allure. Je suis revenu aussi vite que possible chez moi pour effectuer une recherche hypernet sur le nom de famille de Wenda. Il n’y avait rien. Rien. RIEN.
Si ! Elle m’avait dit habiter tout près du highway park, à l’ouest.
Je n’avais jamais autant couru de ma vie. Un torrent d’émotions se déchaînait dans ma tête. Je n’arrivais pas à… j’arrivais à rien.
La zone ouest du highway park était un chantier. C’était là, devant ses bâtiments en construction que le déni désespéré prit fin pour laisser place à une détresse brûlante au fond du ventre.

« - OÙ ES-TU, MEGANE ?! »

Plus j’y pensais, plus ce souvenir d’irréalité en sa présence était fort. Mais comment ? Tout ce que j’ai vécu n’était pas réel ? Comment cela était-il possible ? La tour holo ?
La carte magnétique ! Je fouillai frénétiquement dans la poche extérieure de mon sac, là où je l’avais soigneusement mise la dernière fois. Rien. RIEN.

« -NON ! »

Là, en cette fin d’après-midi couvert et gris, je m’écroulais en sanglot. J’ai versé plus de larmes que je n’aurais jamais pu l’imaginer. Et lorsque mon corps fut totalement sec, ma détresse fit finalement place à la rage. Une rage sourde qui, j’avais l’impression, n’allait plus jamais me quitter.

« -HAAAA ! »

Je frappais un arbre à proximité de toutes mes forces, me brisant ainsi les deux phalanges inférieures. Je ne m’en inquiétais pas outre-mesure. C’était même mieux. Je ne pensais plus. Je ne voulais, ni ne devais plus penser.
Plus tard, lorsque je m’étais présenté aux urgences d’un hôpital, on me demanda de remplir une fiche d’informations médicales. Je n’y ai écrit qu’une seule chose. Une seule, de ma main gauche tremblante.

Nom : Reko.

_______

fin
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