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 L'adversité au féminin

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Misha Pavlov

Misha Pavlov


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MessageSujet: L'adversité au féminin   L'adversité au féminin EmptyLun 9 Aoû - 19:56

Elle avançait, claquant ses talons dans les rues désertes de Gian. Lui il la regardait s’éloigner, la tête penchée sur le côté, attendant le moment propice pour faire son entrée. La perturber. L’angoisser. La faire fuir et la rattraper.
Ou pas.

Misha soupira et se passa une main dans les cheveux. C’était pas son truc la traque. Lui il aimait l’instant, cogner sur les gens qui étaient à sa portée. Les bonnes femmes ne lui disaient rien. Et puis elles étaient ennuyeuses, avec leurs bavardages incessants… Continuellement à piailler comme des petits moineaux juste bon à chasser de la main.
Ridicules bas instincts qui le poussaient parfois à répondre à ces femmes qui le harcelaient.

L’ancien pirate désormais mendiant trouvait sa nouvelle condition tout à fait frustrante. Il recherchait dans ces bas-fonds de l’Aere Sciutta les ténèbres que certains possèdent au plus profond d’eux. Les sombres envies de quelques exclus de la société étaient toujours bonnes à prendre… en considération. Misha poussait ses limites pour se sentir vivant et atteindre une sorte de… d’extase. Jusqu’à ce qu’il se perde lui-même… un jour.
Un monde de paix et d’amour était inenvisageable pour lui, et de toute manière, complètement impossible si on y réfléchissait bien. Le Mal faisait partie de la nature de chaque individu, s’équilibrant ainsi avec le Bien… Et ceux qui étaient neutres, tout comme lui, se moquaient bien de ces deux côtés de la balance.

On le regardait toujours mal. Aujourd’hui, alors qu’il passait devant les établis des commerçants, ceux-ci lui jetaient des regards mauvais comme s’il allait leur sauter dessus. L’engeance de la pire espèce. Pourtant il avait lui-même vu pire.
Une voix l’interpella soudain :

− Jeune homme, souhaites-tu que je te tire les cartes ?

Misha se tourna vers ce qui semblait être une vieille femme, drapée dans une pile de châles colorés et assise à une petite table ronde en face d’une boutique de bibelots.

− Pas la peine, répondit-il en faisant son plus beau sourire, je sais déjà que vous allez tirer le Pendu. Il me représente si bien.
− Si tu parles du sacrifice de soi, je ne crois pas qu’il soit juste de l’assimiler à ta personne…

Le blond pouffa, puis, vif comme l’éclair, il s’assit sur la chaise qu’il avait retournée et qui faisait face à la vieille femme.

− Oui, mais ça symbolise aussi l’abnégation et le désintérêt pour les choses du monde.

Elle effaça ses paroles d’un mouvement de bras moqueur.

− Peuh ! Tout cela ne te correspond vraiment pas, essaie d’être un peu sérieux. Tu sais très bien que je ne tirerai pas non plus la Force.
− Vipère ! Je sais me maîtriser ! Et douterais-tu de mon courage ?
− Le courage… Certes oui, tu en as mon agneau, mais pas la maîtrise de tes énergies, ni la douceur, ni la sérénité… Tu es aussi ardent que le Diable !

Une carte le représentant apparut sur la table comme par enchantement, tournée vers Misha. Il jura mais se garda bien de tout commentaire.

Cette vieille bique a raison. Je suis le Diable…

− … Tu es l’excès personnifié, continua-t-elle à sa place, ni bon ni mauvais, qui possède le pouvoir terrestre mais qui ne peut le contrôler. Tu es magnétique et Prince du monde de la matière.

Elle en tira une seconde où étaient représentés un jeune homme entouré de deux femmes.

− … L’Amoureux.
L'adversité au féminin Wthplz10
− … qui signifie l’incertitude et le doute. Tu veux rejeter ce qui est déjà acquis pour des plaisirs sans lendemain…

Misha se leva brusquement, excédé par ce qu’il entendait. La liseuse de Tarot souleva sa cane pour le forcer à se rasseoir en attrapant l’un de ses bras avec.

− Truandaille ! Il ne faut jamais interrompre une vieille femme quand elle parle du Destin ! s’écria-t-elle, les yeux exorbités.

Quand elle se fut calmée, à peine quelques secondes plus tard, le pirate blond retrouva sa verbe acide.

− Je vois pas en quoi nous parlons de « Destin » quand il s’agit d’évoquer tous mes défauts, siffla-t-il, la bouche cachée par ses deux mains relevées.

Cette sorcière commence sérieusement à me courir sur le haricot… Peut-être que si je crie qu’elle a osé me voler ma bourse, mes coups sur sa sale face de tortue deviendront tout de suite très logiques pour la populace… Ce plan est infaillible, ah ah.

À cette pensée, le sourire de Misha se dévoila. Mais quand il voulut agir (c’est-à-dire qu’il était prêt à battre la vieille avec un bout de planche ramassé, pendant qu’elle triait ses cartes et qu’elle ne faisait donc pas attention à lui), une petite fille apparut près de l’ancienne. L’ex-corsaire s’arrêta net.

− Mamie, il faut rentrer maintenant. Maman a fini de préparer le dîner, dit-elle en lui tirant doucement le bout de sa manche.

La grand-mère sourit à sa petite-fille, rangea ses cartes dans un de ses châles et salua brièvement Misha, qui avait lâché le bout de bois entre temps.

− Bon euh… J’espère que tu t’étoufferas avec ta soupe, Mamie ! conclut-il en reprenant sa route.

Les deux générations opposées le regardèrent disparaître dans la foule.
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MessageSujet: Re: L'adversité au féminin   L'adversité au féminin EmptyVen 24 Sep - 14:10

S’offraient à la vue de Misha milles étalages emplis de couleurs. Il attrapa une pomme en passant près d’un marchand de fruit et croqua dedans à pleines dents, illustrant parfaitement la notion de Carpe Diem qui coulait en lui. Sa démarche souple et rapide lui permettait de glisser dans la foule, et ainsi ne point trop se faire remarquer quand il lui venait d’avoir des envies de cleptomanie soudaines. Au tournant de cette vaste rue commerçante, il arriva dans une venelle plus intime, presque sombre malgré le soleil qui pointait haut dans le ciel. Des écriteaux indiquaient çà et là différentes boutiques qui ne l’intéressèrent pas vraiment. Mais une d’entre elles parvint à piquer son intérêt : une belle enseigne en bois qui avait été trempée dans une sorte de bleu de type lagon, semblant scintiller légèrement sous quelques rayons de soleil forcenés. Ainsi l’âme curieuse, Misha se rapprocha tel un chat qui venait de repérer un canari bien dodu. Son nez était si proche de la vitrine que son souffle laissait des traînées de buée tandis qu’il se dirigeait lentement vers la porte, les bras croisés derrière le dos. D’un coup de botte, il l’ouvrit, faisant tinter la clochette d’accueil par la même.
L’intérieur était à la hauteur de ses espérances. Chaque coin était occupé par des étagères de toutes tailles et de toutes formes, elles-mêmes usitées à la présentation d’objets également variés dans la forme et la taille. Il s’agissait de sculptures en cristal, très appréciées par les nobles de Noghal, et reprises aussi en tant que bijoux, presse-papiers et autres babioles utiles ou inutiles selon l’usage qu’on voulait en convenir. Bref, cela brillait de partout et en mettait plein les yeux à l’ex-pirate désormais enchanté par cette découverte. Il lui semblait pourtant n’avoir pas remarqué cette échoppe depuis qu’il était à RH… étrange.

− Monsieur ? s’éleva une voix claire et féminine derrière lui. Puis-je vous aider ?

Misha se retourna pour découvrir une jeune femme belle comme un cœur, la peau digne d’une porcelaine de grande qualité, les cheveux d’un blond vénitien qui tiraient plus sur le roux, et de grands yeux vert clair à damner tous les saints. Il fit mine de s’approcher d’elle, mais se retint et revint sur ses pas, puis commença à tourner tranquillement autour des étagères qui se tenaient au milieu de la pièce. Il y avait même des lustres en cristal qui pendaient au plafond. Chaque parcelle de cette boutique avait été utilisée et comblée ; aucun espace vide, même pour y entreposer une petite caisse, n’était visible.


− Arrêtez-moi, si je me trompe, déclara-t-il au bout d’une minute de silence bien calculée, mais ne serait-ce pas là le fameux cristal provenant tout droit des grottes de Lesperzei en Nérigon ?
− Si fait, Monsieur.
− Mais ce n’est qu’une légende ! Personne n’y croit.
− Moi si, dit la marchande avec un sourire.

Une expression faussement perplexe s’inscrivit sur le visage de Misha, puis il reprit son sourire de prédateur.

− Puisque vous vendez ce cristal, il est tout à fait normal de montrer au client que vous y croyez. Ce n’est rien de plus qu’une astuce commerciale.

La jeune femme feignit de rire et se détourna ensuite pour épousseter quelques objets.

− Je vous assure que j’y crois vraiment. Ce cristal a bien des propriétés magiques, avança-t-elle en prenant l’une des sculptures dans sa main afin de l’observer de plus près. Ma condition de mage me permet de ressentir les vibrations que le cristal émet. C’est un tableau merveilleux de couleurs et de sons que vous ne pouvez contempler si vous n’avez pas ce don.

Elle s’avança vers lui et prit sa main pour y déposer l’objet, une sorte de globe transparent. Bien que Misha l’ait laissée faire, il eut l’impression désagréable que ce qui allait suivre serait tout aussi surprenant que les yeux transcendants de la marchande qui le fixaient dès à présent. Gêné, il détourna le regard, et c’est cette occasion que choisit la jeune femme pour déclencher son pouvoir. Brusquement, l’intérieur de la pièce changea : une myriade de couleurs se déchaînait, allant ici et là caresser les sculptures de cristal, qui, à leur contact, se mettaient à chanter. Ce fut comme si un orchestre de carillons jouait pour eux.
Les sons s’amplifiants, de même que l’intensité des couleurs qui dansaient autour d’eux, commencèrent à désorienter Misha. Ce spectacle pourtant enchanteur avait au contraire une incidence tout autre sur le vagabond ; il ne voyait que l’anarchie de ce mélange chaotique, les sons aigus des carillons lui vrillant les oreilles et les couleurs l’aveuglant presque.
Soudain, il se recula, rompant le contact avec la marchande. Il venait de voir à l’intérieur du globe une miniature des méduses qui l’avaient accueilli à son arrivée à RH. Un très mauvais souvenir qui lui hérissait les poils. Dans sa précipitation pour le lâcher, il glissa également des mains de la jeune femme et alla se briser lourdement sur le sol. La pièce redevint calme et normale. Misha se tenait appuyé sur une table, une main sur son cœur battant à tout rompre. La femme, elle, l’observait d’un regard étrangement emprunt de tristesse, pas pour l’orbe qu’il venait de casser, mais pour lui.

− Qu’est-ce… Qu’est-ce que vous m’avez fait ? parvint-il à articuler finalement.
− Rien qui ne puisse vous faire du mal vraiment, répondit-elle doucement.
− Vous êtes une… télépathe ?
− Oui.

Misha s’agita subitement, manquant de renverser d’autres sculptures alors qu’il tentait vainement de s’éloigner le plus possible d’elle.

− Ne… Ne faites plus jamais ça ! s’écria-t-il en la pointant du doigt, mais évitant de la regarder dans les yeux. Vous n’avez… pas le droit… d’entrer dans ma tête !

L’expression qu’elle affichait n’était qu’indulgence et pardon. Il trouva ça à la fois déconcertant et affreusement humiliant pour lui.
La clochette du magasin tinta, détournant leur attention. Deux hommes à la carrure impressionnante entrèrent, un sourire venimeux sur les lèvres à la vue de la jeune femme. Ils daignèrent au moins enlever leur casquette avant de parler.

− Lucrezia Sarafian, l’échéance est arrivée. Il faut que vous payiez vos dettes au Boss, dit le plus costaud d’une voix très grave et marquée d’un fort accent Piccomis.

Misha et Lucrezia échangèrent un regard. C’est là que l’ex-pirate vit toute sa détresse l’appeler à l’aide.

[HS : j'aurais voulu faire une illu de Lucrezia, mais comme je vais faire une... ah non spoiler]
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Misha Pavlov

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MessageSujet: Re: L'adversité au féminin   L'adversité au féminin EmptySam 25 Sep - 16:23

Misha pencha légèrement la tête en direction des deux inconnus à l’allure d’hommes de main. Il avait compris que cette Lucrezia semblait dans une situation inconfortable, mais que pouvait-il bien faire ? Il ne la connaissait pas. Et puis le coup du télépathe qui s’introduit dans son cerveau sans demander un préavis, ça ne lui avait pas franchement plu. En plus s’immiscer dans les histoires des autres, c’était pas son truc.
L’autre gars, qui n’avait rien dit jusque-là, s’avança à son tour vers la jeune femme, agrippa un objet au passage, et le lâcha en faisant mine qu’il lui avait glissé des mains, un air narquois sur le visage. Lucrezia sursauta et se mit à trembler légèrement, les bras tout contre sa poitrine.

− Oups… Voilà ce qui arrive quand on nous fait attendre. Des accidents, et encore des accidents, dit l’homme avec un rictus mauvais.
− Où est l’argent ? intervint le plus grand abruptement.
− Je n’ai pas encore pu tout réunir… Laissez-moi encore un mois…
− La ferme ! hurla l’autre, balayant violemment quelques sculptures d’un geste vif du bras, les faisant s’écraser sur le sol. On t’a déjà donné plusieurs délais, mais tu t’es toujours moquée de nous ! L’irrespect dont tu fais preuve te coûtera cher.

Les deux acolytes allaient se jeter sur elle lorsqu’une voix s’éleva, les stoppant net.

− Excusez-moi… Pardon de vous déranger, mais l’un des objets que je voulais acheter était dans le lot que vous venez de faire tomber. Il va falloir m’aider à en trouver un autre de même qualité, j’ai un peu le sens de la vue qui déraille.

Misha fit un vague geste devant ses yeux puis poussa un profond soupir découragé. Les deux complices échangèrent un regard avant de regarder le perturbateur à son tour d’un œil mauvais (tout est dans le jeu des regards !). Un sentiment de malaise envahit peu à peu la pièce. Ils sentaient que le vagabond n’était pas quelqu’un de banal, et cependant ils n’arrivaient pas à se décider s’il fallait le faire taire ou l’ignorer.

− Monsieur, ne vous mêlez pas de ça, fit le plus costaud sur un ton parfaitement menaçant.
− Hum… Si je sors, vous n’allez rien faire à cette femme, c’est ça ?
− Bien sûr, répondit l’autre, on est là seulement pour l’effrayer un peu. Mais ce ne sont pas vos oignons, donc vous n’avez rien à faire ici. Dégagez.
− Ouah ! s’exclama Misha en feignant la panique, ça marche en plus ! Vous êtes vraiment flippants les mecs ! Ça me dit bien d’aller voir ailleurs maintenant…

Il les contourna et se dirigea vers la sortie d’un pas nerveux. Lucrezia, croyant être abandonnée à son sort, pâlit un peu plus, mais alors que l’ex-pirate franchissait le pas de la porte, la clochette sonnant à son passage, il se retourna brusquement, attrapa une canne qui était à sa portée, et la planta dans le dos du sbire le plus imposant avec une force des plus brutales. L’homme bascula en avant dans un hurlement de douleur. Son compagnon, d’abord ahuri par ce qu’il venait de voir, finit par se ressaisir et tirer un couteau de sous sa veste, qu’il agita ensuite dans la direction du blond. Celui-ci arborait son sourire des grands jours, ce sourire qui annonce un danger imminent.
Misha esquiva une première attaque, portée sur son torse, et répliqua par un coup de pied circulaire qui avait pour but de déloger l’arme de la main de son assaillant. Mais le sbire tint bon, se permit un petit rire cruel, et plongea de nouveau vers le vagabond, qui choisit alors de fragiliser ses jambes par un choc dans le tibia. L’homme s’écroula, mais Misha n’avait pas vu que l’autre s’était relevé entre temps.

« Attention ! » cria la voix de Lucrezia dans sa tête.

Misha se retourna juste à temps pour essuyer une bourrade du grand gorille dans les côtes. Il se prit un coin de table dans le dos en chutant, ce qui lui fit cracher du sang quelques secondes après. À quatre pattes sur le parquet et haletant, il ne put éviter une seconde attaque qui consistait en un puissant coup de pied dans le ventre. Désormais à terre, Misha était à la merci des deux méchants de service. Pendant que l’autre se relevait avec peine, le costaud plaqua une de ses grosses bottes contre la gorge du blond afin qu’il ne bouge plus.

− Eh… beh, baragouina Misha de sa bouche pleine de sang, j’ai l’impression qu’on va jamais copiner ensemble, les gars (il toussa et macula la chaussure de son assaillant).
− Et moi j’ai l’impression que tu es plutôt dans une belle merde, enchaîna le plus petit, qui était parvenu enfin à se lever et tenait sa jambe blessée.
− C’est pas faux, concéda le vagabond.

[HS : bin la période des bonnes illustrations, qui déjà était assez courte, est désormais terminée... j'suis plus capable de faire quoi que ce soit de potable]
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Misha Pavlov

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MessageSujet: Re: L'adversité au féminin   L'adversité au féminin EmptyJeu 14 Oct - 14:17

Il était censé être d ans une situation inconfortable, et pourtant Misha continuait de parler comme si de rien n’était, lâchant quelques rires de temps à autre quand il estimait qu’une de ses phrases valait bien une bonne blague. Toutefois, ça ne faisait absolument pas rire les deux autres hommes, ni Lucrezia, toujours immobile dans son coin. Alors ce petit monologue finit par le lasser.

− Bon, fini de jouer les gars, dit-il soudain tandis que l’attention de son adversaire était détournée sur son acolyte. J’ai des courses à faire, moi.

Et à ces mots, il attrapa la jambe du costaud et planta ses dents dans la chair du mollet. L’homme hurla, puis tenta bien que mal de lui faire lâcher prise, mais le bougre s’accrochait ! Il perdit donc l’équilibre quand il vint se cogner à son collègue malfaiteur dans son désespoir de voir lâcher l’autre. Tous deux se retrouvèrent à terre, grognant de douleur et de colère. Misha en profita pour se relever, s’épousseter un peu (cette veste avait failli lui coûter une main !) et les regarder d’un air goguenard.

− Je sais pas qui vous emploie, mais faut lui dire qu’il a de gros bouffons à son service.

Plus furieux que jamais, les deux hommes s’aidèrent maladroitement à se relever l’un et l’autre et se jetèrent sans perdre une seconde sur le blond. Ce dernier rigola, eut tout juste le temps de faire un pas sur le côté pour les éviter et prit la peine de les pousser dans la rue d’un bon coup de pied au cul. L’effet domino faisant son œuvre, les malfrats se retrouvèrent la tête dans la boue du caniveau. Misha passa à son tour la porte, plus tranquillement tout de même, et, les mains dans les poches, leur lança :

− Est-ce que c’est la peine de dire que si je vous revois dans le coin, bin… j’m’amuse encore un peu avec vous ? J’adore me faire des amis.

Il leur offrit son plus cruel rictus et Lucrezia le rejoignit. Elle semblait bien plus absorbée par les deux acolytes qui se relevaient de nouveau, toujours avec peine, une main sur leur fessier blessé. Avant de déguerpir, ils se retournèrent sans surprise vers la jeune femme, et le plus petit pointa son doigt sur elle.

− On reviendra, sois en certaine, chienne !

Ils jetèrent un dernier coup d’œil mauvais à l’attention de l’ex-pirate qui avait osé les affronter puis boitillèrent vers le fond de la rue. Après s’être assuré qu’ils avaient bien disparu, Misha reporta son attention sur Lucrezia. Ils se regardèrent un moment, jusqu’à ce que la marchande élève une main vers lui et touche son cou. Il se recula vivement, surpris par ce geste inattendu.

L'adversité au féminin Ba-mis10

− Quoi ?
− Vous saignez… Ne sentez-vous pas votre blessure ?
− Vu la façon dont vous lisez dans mes pensées les plus intimes, vous devriez savoir que je suis insensible à toute forme de douleur. D’ailleurs… à quoi je pense là ?

Son sourire redevint moqueur, une pointe de suggestion en plus. Lucrezia ne lui fit pas le plaisir de répondre quoi que ce soit à cette dernière question tout à fait inutile et sortit un mouchoir brodé de sa poche pour l’appliquer sur sa plaie. Cette fois-ci Misha se laissa faire, mais son sourire s’était effacé. L’attitude que cette femme avait à son égard n’était pas naturelle, et cela le déconcertait au plus au point. Il était un monstre. Il était effrayant. Beaucoup de gens le craignaient. Mais Lucrezia ne montrait aucune sorte de peur quand elle le regardait, juste… une certaine indulgence qu’il n’arrivait pas à comprendre.

− Vous n’êtes pas qu’insensible à la douleur, reprit-elle, vous ne ressentez rien, pas le moindre contact quand on vous touche, pas la moindre chaleur. Vous êtes emprisonné dans un corps qui finira par vous tuer, et non à cause des coups qu’on vous portera, mais parce qu’on ne peut pas vivre sans ressentir, ne serait-ce qu’une fois, le bien-être que procure une caresse.

Misha lui saisit brusquement le poignet.

− Alors pourquoi… pourquoi est-ce que je vous sens ?
− Ma télépathie est liée à l’empathie. Mon pouvoir me permet de vous transmettre ce que j’éprouve, de vous le faire partager. Je ne sais pas si d’autres personnes de ma condition de thaumaturge sont capables de faire ça, mais en tout cas moi, je le peux.

Il la lâcha, de plus en plus mal à l’aise.

− Oh, vous pouvez me la passer, s’il vous plaît ? enchaîna-t-elle en montrant la canne qui avait servi contre les malfrats d’un mouvement de menton.
− C’est à vous ? s’étonna Misha en la lui donnant. Je n’ai pourtant pas remarqué que…
− Votre attention était détournée ailleurs, vous ne pouviez pas deviner. Je boite à cause d’une ancienne blessure à la jambe, mais ça ne me dérange pas, j’ai appris à vivre avec.

Elle se détourna et s’appuya sur sa canne jusqu’au comptoir. Là, elle s’assit sur une chaise et recommença à dévisager l’ex-pirate, ce qui n’arrangea pas son malaise.

− Merci de m’avoir aidé.
− Je…


Mais Misha ne continua pas sa phrase. Il préféra quitter la boutique, ne plus savoir qu’elle l’observait, faire abstraction de sa prescience si dérangeante. Elle avait lu en lui comme dans un livre ouvert. Lui l’avait aidé parce qu’il avait cru que c’était la meilleure chose à faire. Il avait ressenti cette empathie dont elle avait parlé, ce besoin de faire le bien, d’être altruiste… Ce n’était pas son genre. Elle l’avait déstabilisé ; il ne savait plus si ç’avait été vraiment de son initiative ou de la sienne. L’avait-il vraiment aidé par compassion ?
Il ne savait plus.
Il était perdu.
L’horreur le prit, la colère, la déception… puis la sérénité, une toute petite goutte versée dans son âme de déchu.

Un enfant passa près de lui, un garçon d’une dizaine d’années aux cheveux blonds. Cette image lui rappela soudain son passé. Il se permit de regarder une dernière fois en direction de la boutique. La porte était toujours ouverte, ouverte sur Lucrezia prenant dans ses bras cet enfant. Elle souriait. Ils semblaient heureux de se retrouver.
Et Misha n’arrivait pas à détourner les yeux.
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