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 [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything

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Ferial Grindwell

Ferial Grindwell


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MessageSujet: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptyDim 16 Sep - 18:02

[Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything Tumblr10

Des mains agrippèrent les lourds rideaux en brocart et les ouvrirent en grand d’un geste vif. La lumière du jour inonda la chambre et un grognement s’éleva sous la couverture. Ferial passa la main à une autre femme de chambre, habilitée à s’occuper du jeune maître. Après avoir doucement fermé la porte derrière elle, la jeune fille descendit l’escalier de service qui menait jusqu’à la cuisine. Là, elle trouva tout le personnel en train de s’activer à la préparation du petit-déjeuner. Une odeur de pain grillé flottait dans l’air qui vibrait déjà de la frénésie matinale. Elle fit un bref signe de tête à Bryson, le majordome de la famille Harringhton. Elle reçut pour toute réponse un coup d’œil réprobateur parce qu’elle n’avait pas encore repassé le journal du maître. Ferial eut un sourire pour elle-même alors qu’elle s’appliquait à réparer cette faute grave.

Une fois le petit-déjeuner servi, elle put souffler quelques instants et grignoter des scones ratés (en apparence, mais que voulez-vous, il ne fallait pas garnir les assiettes du beau monde de petits pains biscornus). Très vite cependant, une clochette sonna, puis une autre, entraînant le personnel dans un méli-mélo d’affolement et de nervosité. Qu’avaient-ils pu oublier ? Etait-ce le thé qui était trop froid ou trop chaud ? Des tranches de bacon pas assez grillées ? Une tartine mal beurrée ? Les questions se posaient mais les réponses ne venaient que lorsque la personne incriminée se faisait fusiller sur place par les maîtres de maison.
- Fiona, on te demande en haut ! invectiva Bryson de sa voix de baryton.
- Oui oui, j’y vais, soupira Ferial.
Une main relevant ses jupons – décidément, elle avait du mal à se faire aux robes – et l’autre main tenant un plateau, Ferial grimpa l’escalier principal jusqu’à la salle à manger qui occupait une partie du premier étage. Elle passa le cadre de la porte, et tête baissée pour montrer qu’elle était la docilité incarnée, elle se positionna près de Lyndon Harringhton, glissant le journal sur sa paume relevée.
- Vous pouvez disposer, intima froidement Harringhton.
La jeune fille ne se fit pas prier, non sans avoir louché au préalable sur le visage buriné et sec du maître de maison, sur la figure pincée de sa femme, Eleanor, et sur les cheveux bouclés du fils derrière lesquels il passait le plus clair de son temps. Hors de la pièce, Ferial partit d’un pas tranquille, pour tourner brusquement et se cacher près de l’élévateur. De là, elle pouvait tout entendre des conversations.
- Eleanor, comment trouvez-vous votre marmelade ?
- Pas assez sucrée. M’est avis que la cuisinière y est pour quelque chose. Je la soupçonne de nous voler du sucre. Les pots se vident à une vitesse fulgurante depuis qu’elle est entrée à notre service. Lyndon, vous devez agir.
- Des problèmes plus sérieux me préoccupent, ma chère. Une petite cuisinière de province n’est rien à côté. Apaisez-vous. Si cela s’aggrave, je me chargerai de la faire remplacer sur le champ.
Eleanor baragouina quelque chose puis Ferial entendit un couteau racler fermement une tartine grillée. Silence. Les pages du journal tournaient, le thé était versé régulièrement et bu aussi sec. Harringhton s’était mis, quant à lui, depuis peu au café, cette boisson noire et âcre qui faisait fureur dans la haute société. Ferial commençait à s’impatienter quand enfin on reprit la parole. Elle tendit l’oreille.
- Cette jeune femme de chambre… F… Fiona Green. Voilà plusieurs mois qu’elle travaille ici, c’est bien cela ? demanda Harringhton.
- C’est bien cela, tout à fait, oui, répondit Eleanor après un bâillement.
Ferial était tellement collée à l’élévateur – heureusement fermé – qu’elle aurait pu fusionner avec. Si quelqu’un la découvrait dans une telle posture, elle était fichue à coup sûr.
- Je crois l’avoir surpris plusieurs fois en train de fureter dans les couloirs. C’est une enfant bien élevée mais qui a d’étranges manières. Je ne sais quoi en penser.
- Hmmm, certes, vous avez raison. Le mystère entoure cette petite.
Une cuillère cliquetait dans une tasse en porcelaine.
- Je n’aime pas les mystères. Elle est un peu trop maladroite pour une femme de chambre qui a travaillé au service de Lord St. John. Et puis, il faut le dire… Elle a tout d’une paysanne. Rondouillarde et paresseuse.
- Vous êtes impitoyable, ma chère.
- Impitoyable mais juste ! Il faut savoir s’entourer des meilleurs si l’on veut être reconnu dans ce monde.
Ferial étouffa un rire nerveux. Eleanor recommençait à touiller bruyamment son thé.
- Si dans quelques jours elle n’a pas changé d’attitude…
- Je sais.
- Bien. Bien bien.
Une chaise grinça.
- Blake, mon garçon, tu n’as pas fini tes saucisses.
- Je n’ai pas faim.
La porte s’ouvrit. Ferial s’agita sur place, tourna la tête dans tous les sens et alla se cacher derrière un meuble alors que le fils arrivait au niveau de l’escalier. Bloquant sa respiration, elle attendit de ne plus entendre les pas du jeune homme qui étaient, qui plus est, amortis par le tapis. Une minute plus tard, Ferial se releva enfin, lissa sa robe et s’éloigna du meuble, très fière d’elle. Mais brusquement, elle s’immobilisa. Blake était à l’autre bout du couloir, la tête tournée vers la fenêtre. Ferial fit mine de venir d’en bas quand elle passa près de lui. Or, comme à son habitude, le fils demeura de marbre. Elle fuit vers les quartiers du personnel.
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MessageSujet: Re: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptySam 22 Sep - 18:25

[Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything Db8e9710

Quelques jours avaient passé et personne n'avait menacé Ferial de la congédier. Même, on semblait l'avoir oubliée. Elle s'occupait de ses diverses tâches sans se soucier d'être importunée par un Bryson ronchon ou par une Mulligan vociférante. Le matin – lever à 6 heures – Ferial époussette une partie des meubles, repasse le linge, ouvre les rideaux du fiston (effectivement c'est terriblement important), apporte le journal au maître en espérant qu'il ne la congèle pas littéralement sur place avec ses yeux, débarrasse, fait la vaisselle, astique l'argenterie, mange (quand même) ; de 13 heures à 22 heures, les tâches attribuées à chacun étaient plus aléatoires... C'était surtout en fonction des maîtres et de leur bon vouloir.

Le soleil s'était couché ; le fog gillinghan s'insinua presque aussitôt dans la cité, courbant les échines sous le poids de sa froideur. La demeure Harringhton, encastrée dans une suite de maisons huppées et injustement inaccessibles aux commun des mortels, voyait tout son petit monde sombrer dans les méandres du sommeil. Seuls quelques serviteurs étaient encore debout, s'assurant que tout était en ordre, vagues silhouettes évoluant dans l'obscurité, une bougie à la main. Mulligan, la gouvernante au chignon impeccable et aux bajoues pendantes ne cessait de leur donner quelque chose à faire et ce petit rituel diabolique durait depuis des soirs. Exténuée, Ferial fit une courte pause et pour cela alla respirer un peu d'air frais dans la cour intérieure.
Adossé contre un pan du mur en briques grises, Emmett Ferrar, le valet personnel de Lyndon Harringhton, s'empressait de sortir une blague à tabac de sa poche. La flamme d'une allumette éclaira un visage rougeaud et distendu. Ferial leva les yeux vers le ciel totalement noir et s'enferma dans ses bras après s'être rendue compte qu'il ne faisait pas si chaud que ça. Un filet de vapeur s’échappa de sa bouche entrouverte.
On frappa à la porte d’entrée. D’abord deux coups secs, puis plusieurs qui se firent de plus en plus pressants. Ferial aperçut par la fenêtre Bryson qui se dirigeait vers la porte. Celle-ci s’ouvrit brusquement à la volée alors qu’il mettait sa main sur la poignée. Un troupeau de policemen et d’hommes en costume sombre envahit le hall d’exclamations. À partir de là, tout s’enchaîna très vite.
« Par le Créateur, quelle est la raison de tout ce vacarme ? s’enquit la voix autoritaire du maître de maison, la jeune fille ne pouvant pas le voir de là où elle se tenait.
- Lyndon Harringhton, vous avez été reconnu coupable de haute trahison. Sa majesté la reine Alexandra III, gardienne de la justice gillinghanne, ainsi que le Tribunal Intentionnel et la Cour des Juges vous sommes de nous suivre au poste le plus proche où nous prendrons fait et cause de votre déposition. »
L’inspecteur – que Ferial ne put reconnaître à cause de la pénombre environnante – avait jeté sa tirade d’un ton sans appel. D’abord coi, Harringhton finit par déclarer :
« Moi vivant, vous n’aurez jamais ma fortune ni mon titre ! »
À ces mots, il planta là les policemen, se dirigeant vers la cour arrière où Ferial se trouvait. Les serviteurs présents firent blocus contre la troupe des agents de la loi qui ne comptaient pas le laisser s’en tirer aussi facilement. Après avoir rudement repoussé un valet de pied aux airs de doberman famélique, un homme en costume rattrapa le maître des lieux qui, pour le coup, n’allait pas tarder à devenir le maître d’une geôle grouillante de crasse et de rats. Il lui fit un croche-patte, le plaqua contre le dallage glacé avec sa bottine cirée et laissa un policeman menotter fermement l’accusé. Ce fut la cohue au sein des serviteurs car personne n’avait envie de se retrouver en prison à cause d’un seul homme. Constatant qu’Harringhton avait déjà la corde au cou, la fidélité passait à la trappe pour laisser place à l’instinct de survie le plus primaire.
Ferial regardait la scène, bouche bée.
La flamme d’une bougie vacilla et elle reconnut la moustache typiquement formaliste de l’inspecteur Monroe. Sa bouche bougeait – ou plutôt sa moustache - donnant très certainement l’ordre aux policemen de fouiller la demeure. D’autres agents forçaient les serviteurs pris dans le filet à monter dans une voiture blindée et tirée par quatre chevaux noirs, renâclant, piétinant le pavé de leurs sabots tranchants, autrement dit parfaits pour tirer un convoi mortuaire. Ferial fit volte-face et le cœur battant se baissa pour ne pas qu’on la remarque. Une main sur la bouche, une sueur froide lui collant à la peau, elle réfléchissait à toute allure. Ce n’était pas le moment !
Une main lui agrippa brutalement le bras et la força à se relever. Quel ne fut pas son soulagement – pour une fois ! – de se retrouver face à Mulligan. Échevelée et blanche comme un linge, la gouvernante serrait les bras de Ferial si fort que la jeune fille faillit lui donner un coup de pied.
« Fiona ! Petite imbécile, ne voyez-vous pas que la situation est grave ! Au lieu de rester là la bouche ouverte, vous feriez mieux de nous aider !
- Je ne vois pas ce que je pou…
- Il suffit ! Maintenant, suivez-moi ! Il n’y a pas de temps à perdre. »
N’ayant visiblement pas son mot à dire, Ferial se fit entraîner par la pauvre femme dont la robe habituellement si propre traînait désormais dans la boue. Le portail en bois, utilisé la plupart du temps par les serviteurs, était grand ouvert sur un fiacre apprêté à la va-vite. Ferial supposa tout d’abord que la gouvernante et quelques autres rescapés du coup de filet gouvernemental allaient s’enfuir à bord du fiacre de la famille Harringhton, laissant d’ailleurs celle-ci se débrouiller face à la justice. Mais alors que Mulligan la poussait sèchement à l’intérieur du véhicule, Ferial découvrit qu’il en allait tout autrement : Blake, unique fils et héritier des Harringhton, était assis dans le fond, bien à l’abri dans l’obscurité.
« Mrs. Mulligan, qu’est-ce que vous f… »
La jeune fille reçut une valise et deux sacs en toile pour toute réponse.
« Mrs. Mulligan ! Écoutez-moi ! s’écria-t-elle enfin alors que l’intéressée refermait la porte du fiacre. Quelles que soient vos intentions, il ne pourra pas échapper bien longtemps aux policemen. La justice finira par le rattraper comme elle a fini par attraper son père ! Il…
- Idiote ! cracha Mulligan au bord de la porte, on ne vous paie pas pour émettre un quelconque avis ! Vous n’avez aucune idée de ce qui se passe vraiment ici et vous ne le saurez sans doute jamais ! Alors cessez de piailler et accompagnez le maître en ‘ballade’, est-ce clair ? »
Piquée au vif, Ferial eut la soudaine envie de lui avouer que cela faisait des mois qu’elle était infiltrée comme femme de chambre au sein de la famille Harringhton et qu’elle savait très probablement plus de choses sur l’affaire que l’avocat personnel de Lyndon. Toutefois, et après avoir jeté un coup d’œil sur le visage impavide de Blake, elle respira profondément et répondit sur un ton de fausse soumission :
« Bien Madame. »
Mulligan hocha la tête, les lèvres tremblantes d’un sourire presque soulagé. Elle se tenait les mains tout contre sa poitrine et reprit, moins venimeuse :
« Emmett Ferrar sera là pour vous suppléer. »
Des voix retentirent, plus proches, plus sinistres que jamais. Mulligan, aussi nerveuse qu’un lapin ayant flairé un renard, tapota maladroitement la main de Ferial, ordonna au cocher de quitter la ville et disparut sans un mot de plus.
Ferial passa la tête par l’ouverture. Le fiacre s’éloignait et il lui semblait pourtant que le danger était toujours bien réel, rampant à leur suite.
Le fog s’épaissit. Dans la nuit, un hurlement hystérique se fit entendre, ainsi que des pleurs et des lamentations. Puis plus rien.
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MessageSujet: Re: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptyLun 29 Oct - 13:37

[Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything Blue_a10

La brume couvrait peu à peu le paysage à mesure que le soleil émergeait de l'horizon. A travers la petite fenêtre, Ferial contemplait vaguement la lande gillinghanne, plus accaparée par ses pensées qu'elle ne l'aurait souhaité. Les cahots incessants du fiacre sur la route accidentée finirent par endormir sa conscience. La brume fit place aux méandres de ses souvenirs. Le passé remplaça le présent ; quelques mois plus tôt, St. John plaquait un dossier top secret sous son nez. C'est à partir de là que tout commença.

F...
Il y avait comme un étrange bourdonnement.
Fe...
Le bourdonnement s'intensifiait, jusqu'à éclater.
- Ferial !
L'intéressée releva la tête et offrit un air coupable à son tuteur qui la fixait dès à présent d'un air sévère. Ferial se remit bien droit sur sa chaise et ouvrit le dossier que St. John venait de lui présenter.
- Pardon. De quoi s'agit-il ?
- Une affaire très sensible, du moins aux yeux de la Reine et du secrétaire aux Affaires Étrangères.
- Mais encore ?
- Lyndon Harringhton. Ce nom te dit quelque chose ?
St. John se cala contre la table, les bras croisés sur une veste gris foncé. Le soleil du petit matin – car ils étaient arrivés très tôt au Bureau – éclairait son visage et magnifiait les tons clairs de ses yeux. Il posa un doigt fin sur la photo d'un homme austère, typiquement gillinghan.
- Qui est-ce ? demanda Ferial.
- L'un des grands magnats du telifuel de Gillingham. Il s'occupe de fournir la ville en carburant, ainsi que certaines corporations étrangères.
- Et c'est un crime ?
- J'allais y venir.
Tandis qu'il poursuivait, illustrant ses propos de grands gestes, le regard de Ferial se laissa un instant capturer par Lord Mattheson et Olivia Hewitt qui passaient plus loin, tous deux en grande conversation. Ils disparurent dans un couloir.
- … et tout ça pour conclure qu'il va falloir agir au plus vite... Ferial. FERIAL.
Deux doigts claquèrent devant les yeux de la jeune fille. Elle sursauta.
- Hein ? Quoi ?
- Tu as l'air ailleurs. Tout va bien ?
- Oh... Je ne dors pas très bien depuis quelques jours.
- Je peux demander à Matthew de faire la mission à ta place.
- Qu... Quelle mission, de quoi parlez-vous ?
- La mission d'infiltration, soupira-t-il, tu n'as vraiment pas écouté ce que j'étais en train de dire, n'est-ce pas ? Si tu n'es pas capable de suivre le rythme...
- Ça va, mentit-elle. Il faut s'infiltrer chez les Harringhton ?
St. John retrouva le sourire, ainsi que l'énergie troublante qui le caractérisait si bien. Il commença à s'agiter, dégageant sur la table ici et là des photos, des relevés de téléphone (les familles les plus aisées de la cité ayant décidé de se faire installer des lignes) et des compte rendus de tous types. Comme elle savait qu'elle n'aurait pas le temps d'examiner chaque feuillet en la présence de son tuteur, Ferial porta son attention sur les photos des membres de la famille Harringhton.
- Je suppose que c'est l'épouse, dit-elle en désignant une femme à l'allure sèche et aux cheveux blonds ramenés en catogan.
- Eleanor Harringhton, née Fullgrave. Elle a épousé Harringhton il y a vingt ans de cela. C'était un mariage de raison plus que d'amour. Cela ne choque plus personne qu'une aristocrate épouse un bourgeois qui s'est constitué une fortune par lui-même (ou sur le dos des autres). De leur union est né Blake Harringhton. Il doit avoir à peu près ton âge.
Les yeux de Ferial se posèrent sur le cliché où le jeune homme sortait d'un fiacre. Chaque photo avait été prise à leur insu, ce qui donnait des rendus parfois flous, du moins difficiles à détailler.
- Quelles sont les charges retenues contre Lyndon Harringhton ?
- Il est accusé de haute trahison pour avoir vendu du telifuel à Settle Clark. La Reine ne supporte pas qu'on lui vole son précieux carburant.
- Pourtant on le vend bien à d'autres pays ?
- Certes, mais là Settle Clark est impliqué et tu connais bien la relation conflictuelle qu'il existe entre nos deux cités depuis des générations. Il n'y a pas de négociations possibles entre eux et nous.
- C'est bien beau tout ça... mais c'est surtout une question de fierté, non ?
St. John offrit à sa pupille un sourire éclatant.
- Tu as tout compris.
Quelques minutes plus tard, ils marchaient tous les deux en direction de l'ascenseur qui menait hors du Bureau. Tandis que St. John avançait les mains dans les poches, Ferial avait coincé sous son bras les nombreux dossiers qui évoquaient le cas Harringhton, et de l'autre main elle tenait son manteau ainsi qu'une tasse de thé fumante.
- Bon, résumons : je dois me faire passer pour une femme de chambre à la recherche d'une place auprès des Harringhton, l'ancienne bonne ayant pris un congé maternité. Mon infiltration me permettra de réunir toutes les informations qui établissent que Lyndon Harringhton est un « traître »...
- Tout à fait. Il faut qu'on lui fasse croire qu'il n'est pas inquiété le moins du monde par la police ou par le gouvernement. Alors attends-toi à rester à leur service des mois durant. Nous ne prenons pas cette affaire à la légère, même si j'estime qu'il y a des cas plus importants à traiter... Enfin bref, tu seras recommandée par Jeremiah Keller, un proche de Lyndon qui a bien voulu aider le Bureau dans ses investigations.
- Qu'est-ce qui l'a décidé à nous aider ?
- La Reine aime bien « couper » quelques têtes quand elle on ne lui apporte pas immédiatement le principal suspect sur un plateau d'argent. Et comme on doit la faire patienter... Keller a choisi l'option la plus sûre pour lui et sa famille.
Tout en l'écoutant parler, Ferial buvait par petites gorgées son thé à la bergamote. Ils s'arrêtèrent devant la porte de l'ascenseur. St. John prit la tasse et les dossiers afin qu'elle puisse mettre son manteau.
- Je sais bien que nous n'avons encore rien de concret qui nous permettrait d'accuser légalement Harringhton, dit-elle tout en lissant les bords de son manteau, mais je ne peux m'empêcher de me dire que l'arrêter directement et le garder bien au chaud dans une cellule sous de faux prétextes seraient plus judicieux. Nous allons quand même impliquer une famille entière...
- Beaucoup de choses sont en jeu, Ferial, tu le comprendras bien assez tôt, répondit St. John en lui remettant les dossiers. Allez, keep calm and carry on.
Un clin d’œil et la jeune fille se retrouva de nouveau dans le fiacre, sombre, froid, bruyant. Uliz, le labran noir de Blake, vint poser sa tête sur les genoux de la jeune fille. Elle le caressa distraitement. Quant au jeune maître, il demeurait silencieux, comme à son habitude.
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MessageSujet: Re: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptyVen 4 Jan - 11:29

La brume fit place au vent des marées qui frappaient un peu plus bas sur la côte. La voiture cahota encore sur quelques mètres et s'arrêta brusquement au détour d'un sentier escarpé. Le sentier descendait en contrebas, serpentant jusqu'à un cottage plus large que haut, de crépis blanc et de toises noires. Uliz bondit de la voiture et alla fourrager l'herbe et les buissons alentours. En voilà au moins un qui est heureux, songea Ferial en descendant à son tour, suivie de près par Blake. Mais alors qu'ils se tournaient pour prendre leurs bagages, ceux-ci furent projetés hors du toit de la voiture. Les rennes et le fouet claquèrent, les chevaux s'ébranlèrent. Ferial comprit immédiatement ce qui se passait, mais ce fut Blake qui cria :
− Ferrar, qu'est-ce que vous faites !?
Mais le cocher ne répondit rien. Le fiacre disparut au loin dans un nuage de poussière, abandonnant les deux jeunes gens à leur sort, leurs bagages éparpillés sur le sol. Effaré, Blake demeura un instant à regarder dans la direction qu'avait pris le fuyard. Ferial avança une main pour le réveiller de sa stupeur mais il pivota brusquement et se mit à descendre le petit sentier. Un « lâche » s'était élevé dans le vent à sa suite. Plus bas, ils entrèrent dans une maison dont l'intérieur semblait rustique, et lugubre sans un bon feu de cheminée. Ferial, en bonne petite servante, s'empressa d'allumer les quelques lampes à telifuel qu'elle trouva au rez-de-chaussé. Puis elle s'en retourna chercher les bagages, Uliz l'accompagnant où qu'elle aille. Blake se cala dans un fauteuil miteux et couvert de poussière, pour ne plus en bouger de la soirée.
Ils grignotèrent du pain et du fromage que Mulligan avait glissé dans leurs affaires pour qu'ils n'aient pas à se montrer durant un temps. Ferial dut se dépêcher de couper du bois car la nuit tombait vite. La houle soufflait intensément sur la crête, écrasant les herbes hautes et la bruyère. L'air était piquant de froideur, s'insinuant par tous les trous et les fissures du cottage. Mais malgré la dureté du climat et le partiel inconfort qu'offrait le cottage, Ferial appréciait l'endroit. Elle les savait en sécurité ici. Après demain, il lui faudrait se lever tôt pour aller acheter quelques denrées au village le plus proche, mais aussi pour prendre des nouvelles de son tuteur. En attendant, elle fouina un peu partout dans la maison. Dans le garde-manger quasiment vide, elle trouva tout de même un sac de pommes de terre, quelques poires et du lard fumé. On avait mis ces provisions à leur attention, elle en était certaine.
A l'étage, ils comptèrent quatre chambres ainsi qu'une salle d'eau. Blake s'installa dans la chambre la plus meublée. Ferial prit celle juste en face. Tout était couvert de poussière, les coins saturés de toiles d'araignées et parfois l'on pouvait entendre des souris vadrouiller dans les murs. Ferial ne se découragea pas pour autant. Un peu de ménage et ce cottage ressemblerait à quelque chose d'habitable, voire de plutôt cosy. Elle aimait bien le côté modeste qui se dégageait de ce lieu. Mais elle ne pourrait en dire autant de Blake qui avait toujours vécu dans le luxe et le confort de la vie citadine.
Exténuée, Ferial s'allongea sur le lit et s'endormit.

En contrebas du cottage se situait une plage de sable gris et de galets noirs. Ferial avait descendu un petit sentier pour l'atteindre et s'y promener. L'air marin lui fit un bien fou, et bien qu'il faisait un peu froid, elle se sentait bien. Uliz s'ébattait joyeusement dans les vagues chargées d'écume qui venaient frapper le bord de plage. Elle continuait de marcher, salissant ses bottines noires de sable humide. Il lui semblait que la vie avait repris son cours normal et qu'aucun danger ne les menaçait plus ni elle, ni Blake. Dans d'autres circonstances, elle aurait pu se faire à cet endroit, voire envisager de s'y installer. Le cadre lui paraissait idéal pour mener une vie en toute quiétude, loin des vicissitudes et des ruelles sombres de Gillingham.
Une mouette cria dans la ciel, la faisant lever les yeux. Quand elle les rabaissa, elle aperçut avec étonnement une silhouette familière, debout près du bord de l'eau. N'y croyant pas, elle se rapprocha vivement d'elle. Habillé d'un caban, chaussé de bottes sombres, les mains dans les poches de son manteau, St. John était tourné vers la mer.

[Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything Tumblr10

Ferial avait l'impression que plus elle marchait dans sa direction, plus il s'éloignait d'elle. Le vent puissant était un autre frein à son avancée. Une bruine commença à tomber sur eux, glaciale. Ferial, malgré le vent qui couvrait largement ses paroles, appela St. John plusieurs fois. Elle l'appela et l'appela encore. Il fallait qu'il se retourne, il fallait qu'il la voie. Un bourdonnement désagréable s'éleva, lui vrillant les oreilles à mesure qu'elle se rapprochait, ou qu'il lui semblait se rapprocher. Le bourdonnement s'intensifia quand enfin St. John tourna la tête vers elle.
Mais elle ne vit jamais son visage.

Ferial ouvrit les yeux.

[HS : désolée, petite réponse où il ne se passe pas grand-chose mais je ne peux pas faire mieux pour l'instant et puis de toute façon cela permet de poser les conditions dans lesquelles se trouve Ferial avant un événement important de sa vie]
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Ferial Grindwell

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MessageSujet: Re: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptyJeu 7 Fév - 9:42

− J'en ai assez.
Ferial pivota vers Blake et lui offrit une expression d'une totale neutralité, à tel point que cela agaça un peu plus le jeune homme qui se leva brusquement de son fauteuil. « Voilà trois jours que nous sommes ici et que nous mangeons du pain rassis et un fromage dur comme de la pierre. Je veux savoir ce qu'il est advenu de mon père ! Demeurer dans l'incertitude me ronge de l'intérieur. »
C'était bien la première fois qu'il alignait plus de trois mots dans une phrase, qui plus une phrase qui lui était adressée à elle. Ne sachant que trop répondre, et surtout parce qu'elle voulait éviter de lui révéler quoi que ce soit, elle choisit la prudence en arguant : « S'il lui était arrivé un malheur, vous en auriez été le premier averti, croyez-moi...
- C'est déjà bien assez suffisant qu'il ait été arrêté ! répliqua-t-il en lui lançant un regard noir. Et ma mère... Je crains qu'elle ne se trouve dans une position tout aussi compromettante que celle de mon père. J'ai vu son regard quand elle m'a forcé à quitter mon lit. Elle était au courant. Mais moi, je ne sais rien... »
Ferial s'étonna de déceler une pointe de sincérité dans la voix du jeune homme. Ainsi donc, il n'avait eu vent d'aucune information concernant les activités illicites de son père. Mais alors à quoi bon le garder en sûreté dans ce cottage situé loin de tout ? Ferial fronça les sourcils, et Blake le prit évidemment pour lui. « Cela vous ennuie, n'est-ce pas ? D'être coincée ici avec moi ?
- N... Non, bien sûr que non monsieur. Je réfléchissais. Peut-être pourrais-je passer dans le bureau de poste du village voisin pour vérifier si un quelconque courrier vous a été envoyé... ?
- Oui... Oui, c'est une bonne idée. Faites donc. »
Il s'était radouci, ce qui soulagea Ferial. Elle n'aurait pas aimé perdre tous ses moyens en tentant de le calmer. « Bien, alors j'y vais. » Elle revêtit sa capeline, coinça ses cheveux dans un foulard et prit un panier qui lui servirait à transporter les denrées qu'elle achèterait sur place. Depuis le début elle avait eu l'intention d'aller au village, mais prétexter qu'il leur manquait de la nourriture n'aurait pas été suffisant pour s'éclipser quelques heures. En cherchant plus avant, elle avait trouvé plus d'un sac de pommes de terre, et le tout leur aurait permis de subsister un certain temps sans avoir besoin de sortir. Dehors, elle soupira et de la vapeur s'échappa de sa bouche. L'air était d'un froid mordant, plus que d'ordinaire. Il faisait sombre, le vent marin soufflait fort. Ferial sentit le regard pesant de Blake qui l'observait à travers la fenêtre du salon. Lui au moins était à l'abri, de quoi se plaignit-il !

Pourtant, la marche qui suivit fit le plus grand bien à Ferial. Elle traversa des champs de bruyère chargés de buissons sombres et de fleurs violettes et blanches, s'avançant sur des petits sentiers qui serpentaient entre les collines. Parfois, elle avait la chance de croiser des lièvres gambadant entre les herbes et un ou deux renards friands des lièvres en question. Le village se trouvant à trois kilomètres du cottage, elle mit plus d'une heure à y parvenir. Elle découvrit un village étrangement grand et animé, avec diverses boutiques et des marchands qui vantaient les mérites de leurs produits. C'était vraisemblablement jour de marché et une foule de badauds allait et venait entre les rues étroites.
Pour la discrétion, c'est râpé, pensa Ferial en baissant un peu plus la tête. Puis elle se rappela soudain un des (fort nombreux) conseils que lui avait donnés St. John : plus tu chercheras à te dissimuler, plus tu seras visible. Ferial releva la tête et fonça avec un air déterminé jusqu'à la rue principale. Celle-ci était pavée et mal entretenue, boueuse et biscornue, mais elle avait un certain charme, tout comme le reste du village d'ailleurs. Ferial repéra vite le bureau de poste dans lequel elle s'engouffra sans demander son reste. L'intérieur était plongé dans la pénombre et sentait le renfermé, mais au moins était-elle à l'abri de la bruine. Son panier sur le bras, elle s'avança jusqu'au comptoir où un vieux monsieur à la moustache blanche et à la casquette de postier griffonnait dans un gros livre. « Bonjour. Auriez-vous un téléphone, par hasard ?
- Hm ? Ah, oui, juste là derrière, mademoiselle. »
Il lui fit un sourire de vieux papy tout en désignant un couloir sur le côté. Elle le remercia. Le couloir était aussi mal éclairé que le reste du bureau de poste. Le téléphone était disposé sur un petit meuble, juste à côté d'un banc de bois sur lequel elle s'assit. L'engin était un vieux modèle mais cela ferait l'affaire. Elle décrocha le combiné dans lequel elle entendit immédiatement une voix de standardiste lui demander l'identité de son destinataire. « St. John, 551 rue Ealing, s’il vous plaît » répondit Ferial. La femme lui dit de patienter. Le postier passant à sa portée alors qu'elle attendait, Ferial lui demanda s'il avait du courrier au nom de Handers (un nom de code pour Blake Harringhton). Il lui fit signe qu'il allait chercher. La voix féminine devint une voix masculine. Si familière. La gorge de Ferial se serra. « St. John à l'appareil.
- Oui, c'est Ferial. Je voulais sav...
- AH ! Tu tombe bien ! s'écria St. John, blessant le tympan de la jeune fille, il faut absolument que vous quittiez le cottage.
- Pardon ? Mais pour aller où ? Et surtout pourquoi ?
- Lyndon Harringhton a parlé. Ca n’a pas été difficile de le convaincre car après tout il avait tout à perdre, dont la réputation de sa femme qui entretient des relations avec des membres de la famille royale. Mais ce n’est pas ça qui l’a motivé à tout nous dévoiler.
- Quoi donc alors ?
- Plutôt qui. Son fils. Mais attends, je vais tout t’expliquer. À leur dernière entrevue, il a arnaqué les émissaires de Settle Clark. Après la transaction, une bonne partie du carburant qui a été acheminé vers Settle Clark n’avait pas été transformée, et était donc inutilisable. Harringhton savait qu’il allait bientôt être arrêté et il a donc fait cela en pensant que ce serait suffisant pour racheter ses fautes.
- A-t-il une chance de s’en sortir malgré tout ?
- La reine a tranché. Il est tout de même condamné à vingt ans de prison. Toutefois, il a réussi à se faire entendre. La reine demande que l’on protège son fils. C’est pour lui que Harringhton a tout dit. Il s’est rendu compte après coup qu’en arnaquant les émissaires de Settle Clark il risquait sa vie, de même que celle de ses proches. Sa femme est bien à l’abri chez une cousine à Plennsborough, mais son fils…
- … Est avec moi. Des gens ont été envoyés, c’est ça ? Pour le tuer ? »
Une sueur glacée commença à piqueter la peau de Ferial. Dehors, la pluie avait pris le pas sur la bruine et frappait fort contre les vitres du bureau de poste. « Ferial, en venant jusqu’au village, tu as pris des risques. Mais si tu ne l’avais pas fait, tu ne… » la voix de St. John se coupa, remplacée par un soupir. Ferial déglutit et se passa une main dans les cheveux pour enlever son foulard. « … J’ai compris.
- Je suis navré, ma petite Ferial. Tu vas devoir courir plus vite que tu ne l’as jamais fait. Ne perds pas de temps. Moi je suis obligé de retourner dans les Abysses. Mais… »
La ligne se coupa brusquement. Cela arrivait souvent avec de si vieux appareils. Ferial raccrocha. Dans le bureau, trois personnes se tenaient dans la queue pour demander le courrier. Le postier lui fit signe qu’il n’avait rien trouvé pour elle alors elle quitta l’office sans hésiter. Dehors, la pluie battait si fort le paysage qu’il semblait s’effacer comme de la peinture diluée dans l’eau. Elle courut sur tout le chemin du retour, se fichant bien de ses poumons en feu et de salir sa robe. Elle trébucha plusieurs fois, mais jamais ne tomba. Une fois arrivée au cottage, elle ouvrit la porte à la volée, le cœur battant, le souffle court. Blake se tenait contre la fenêtre du salon, fixant la pluie d’un œil morne. Il tourna la tête vers elle. « Qu’est-ce que…
- Pas le temps ! le coupa-t-elle en s’avançant vers lui. Nous devons partir. Je vous en prie, ne posez pas de questions maintenant. Je vous répondrais une fois que nous serons loin d’ici. Nous ne prendrons que le nécessaire. »
Elle commença à s’activer et alors qu’elle passait près de lui, il la saisit par le bras. Il la regarda droit dans les yeux et elle s’étonna qu’il ne la réprimande pas. Puis, tout à coup, elle se rendit compte d’une chose : « Où est Uliz ? ». Ferial se hâta hors de la maison, appelant le chien malgré le bruit des vagues et de la pluie qui couvrait sa voix. Et malgré ce bruit incessant, elle entendit un déclic derrière elle, suivi de son nom. Ce n’était pas Blake. Elle se retourna.
Un homme se tenait en amont du sentier, pointant une arme à feu sur elle.

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[HS : c'est un peu plus long mais de toute façon ce rp se termine bientôt ; il est quand même essentiel dans l'histoire de Ferial]
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MessageSujet: Re: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptyJeu 14 Fév - 13:16

Tout revint à l’esprit de Ferial. Ses souvenirs remontèrent en arrière, repassant sur le chemin dans la bruyère, devant les falaises, constatant la fureur de la mer au loin, arrivant au village, avançant sur la rue principale, dans le bureau de poste, au téléphone, la voix de St. John qui se coupe et puis… l’homme accoudé près du comptoir, le visage caché par sa casquette. La fixant, dans l’ombre, alors qu’elle passait devant lui et les autres personnes présentes dans le bureau de poste. Elle n’y avait pas fait attention, sur le moment. Mais son œil avait déjà quelques années de pratique derrière elle, l’observation avait été son fer de lance depuis qu’elle avait rencontré St. John. Il lui avait appris comment regarder le monde sous un tout autre angle. Ses yeux avaient enregistré cet homme, bien malgré elle. Le souvenir accéléra de nouveau et désormais il se tenait devant elle, une arme à la main, menaçant. Elle fronça les sourcils mais ne bougea pas d’un pouce.
« Vous avez retrouvé le ch…
- Blake, en arrière ! hurla-t-elle. »
Une première balle atteignit le crépis de la maison. Blake aurait dû se trouver juste en plein milieu de sa trajectoire mais il avait reculé à temps. Ferial entendit l’homme jurer. Oui, il était bien là pour tuer Blake et si elle ne ripostait pas très rapidement, elle risquait sa vie tout autant que le jeune homme. Elle attrapa un caillou d’une taille respectable et le lança de toutes ses forces vers l’inconnu. Le projectile le toucha au niveau de l’arcade sourcilière. Il grogna de douleur, abaissant légèrement son arme. Elle en profita pour se jeter sur lui et peut-être, par chance, elle pourrait le désarmer. Mais elle n’avait pas affaire à un imbécile. L’arme cliqueta. Ferial cria. Déflagration et douleur. Elle tomba à genoux, se tenant le bras gauche. Le doigt toujours sur la gâchette, l’homme allait tirer une nouvelle fois quand Uliz, tel un éclair noir, happa le bras de l’agresseur entre ses crocs.
Ferial releva le nez. Le sang coulait sur sa main. Heureusement, ce n’était qu’une entaille, légèrement profonde, mais elle pouvait toujours bouger son bras. Prenant son courage à deux mains, elle se remit debout, glissa sa main sous la jupe et dégrafa le Derringer de son holter de cuisse. L’arme était petite mais un calibre 41 suffirait. Il le fallait.
Elle détestait ça, employer une arme à feu. Cette aversion venait de St. John lui-même qui se défendait autant que possible avec ses poings lors d’une confrontation. Or, parfois la situation exigeait des moyens extrêmes. Et c’était le cas, actuellement. L’homme parvint à repousser Uliz qui percuta un rocher en couinant. Sans réfléchir, Ferial appuya sur la gâchette. Le coup la fit partir en arrière. Derrière la fumée, la poudre charriée par le vent marin, l’homme s’immobilisa. Le cœur battant, elle n’osait pas regarder vers lui. Elle préféra fixer le sol, les cailloux blancs et gris, la mauvaise herbe éparpillée un peu partout et la couleur de son propre sang qui goûtait jusqu’à terre. Si elle l’avait raté, s’en était fini d’elle, fini de Blake…
Mais rien ne vint.
Ferial osa enfin tourner la tête, regarder, voir, constater. L’homme était étendu à terre. En s’approchant lentement, elle découvrit un sillon de sang assombrir le cou de l’homme. Elle lâcha le Derringer. Il était mort. Le choc la percuta comme un train qui roule à pleine vitesse. Il était mort. Elle l’avait tué. Elle l’avait tué. Elle… l’avait… tué…

Blake était ressorti pour voir si le danger était passé. Il vit l’homme, puis Ferial figée près du corps, il s’approcha d’elle. « Mais bon sang, vous allez me dire ce que signifie tout ceci… ». Il déglutit en constatant à son tour que leur agresseur était mort. « Fiona, est-ce vous qui avez… ? » Il la prit brusquement par les épaules pour la secouer. « Dites quelque chose ! Fiona…
- Je ne m’appelle pas Fiona.
- Pardon ?
- Ferial. Ferial Grindwell. Agent du Bureau, au service de sa majesté la Reine Alexandra III. »
Le regard las de la jeune fille croisa celui de Blake, perdu, déconcerté. « Votre père a été arrêté pour avoir trahi la couronne en vendant du telifuel à Settle Clark. On a appris un peu plus tard qu’il n’avait pas rempli toutes les conditions du contrat et que par conséquent, il vous mettait en danger, vous et votre mère. Alors je vous ai suivi jusqu’ici pour garder un œil sur vous. Je devais vous protéger et je l’ai fait. » Il demeura un instant abasourdi mais elle n’en avait que faire. Son bras la lançait et elle se sentait vide à l’intérieur. « Je… merci, souffla-t-il finalement, faut-il… l’enterrer ? » Elle croisa son regard. « Oui, mais d’abord je vais me soigner parce que sinon je n’aurais pas assez de force pour…
- Laissez, je vais le faire. Après tout, vous m’avez sauvé la vie.
- Ah…
- Je pense que mon père ne mérite pas ce qui lui arrive… Il n’est pas mauvais, au fond, il souhaitait simplement que nous vivions au mieux, moi et ma mère. »
Ferial resta silencieuse. Cela ne justifiait pas de telles actions, pensa-t-elle pour elle-même. Le vent décoiffait leurs cheveux. « Il vous a peut-être raté, mais ce ne sera pas mon cas » fit une voix au-dessus de leur tête. Ferial se raidit et ses yeux restèrent accrochés par la robe rouge de la femme qui les toisait. « Non… 
- Et si, sourit la femme. »
Elle épaula son fusil et les visa. Ferial attrapa la main de Blake et ils se mirent à courir vers la descente qui menait à la plage. Plusieurs déflagrations les frôlèrent. Les souvenirs de Ferial remontèrent une nouvelle fois jusqu’au bureau de poste. Elle se maudit de ne pas avoir remarqué la présence glaçante de cette femme. Settle Clark n’avait pas envoyé un mais DEUX tueurs. Ferial frissonna. Sa vue se brouillait, son cœur s'emballait, ainsi que son souffle. La bruine avait recommencé à crachoter et bientôt ils se retrouvèrent en train de soulever des mottes de sable humide sur la plage avec leurs pieds. La femme les talonnait, tirant des coups de semonce, riant de leur infortune.
Tenant toujours fermement la main de Blake, qui ne semblait pas vouloir la lâcher, ils arrivèrent au niveau de rochers escarpés et pointus qui s'accumulaient près de la falaise. Malgré le danger, ils escaladèrent du mieux qu'ils purent, glissant, manquant de tomber dans des crevasses insoupçonnées. Blake se fit quand même une entaille à la jambe, déchirant son pantalon, et les paumes de Ferial étaient constellées de petits grains de sable. Elle se maudit d'avoir lâché son Derringer, de l'avoir laissé là-bas. Ils se retrouvaient sans défense, et c'était de sa faute. Derrière le mur de rochers, ils découvrirent presque avec soulagement, mais seulement pour se rassurer un peu, une caverne creusée dans la falaise. Ferial ordonna à Blake de s'y réfugier. Elle ferait diversion et entraînerait la femme loin de lui. Il la surprit en refusant, en disant que cela n'avait rien à voir avec elle et qu'il devait faire face comme un homme. Elle le gifla. Le tumulte des vagues qui venaient s'écraser sur la roche couvrait leurs paroles. Blake finit par céder, bien qu'à contre-cœur, et commençait à s'enfoncer dans l'ombre de la caverne quand une ombre se projeta sur eux.
La femme les dominait, riait encore entre ses lèvres peintes de rouge, une jambe découverte pour plus de liberté de mouvements. Elle tenait d'une main son fusil, calé contre son épaule. Elle était belle, dangereusement belle, et Ferial se demanda si elle ne faisait pas partie de ces criminels que St. John et bien d'autres du Bureau recherchaient activement. Certainement. Plus aucun doute possible, à l'entente de ce ricanement mauvais qui s'échappait de sa blanche gorge. Ferial se plaça d'instinct devant Blake. Il était bien plus grand qu'elle mais elle ferait tout pour qu'aucune balle n'aille le toucher en premier. Le canon s'abaissa vers eux. Lentement, si lentement que la peur lui donna envie de vomir. Le doigt sur la gâchette, la femme tenta un ultime sarcasme, quand une vague énorme et implacable s'abattit soudain sur elle. Blake protégea à son tour Ferial alors que l'eau les atteignait dans sa course. Ils se retrouvèrent trempés, dans les bras l'un de l'autre. Une fois le calme revenu, ils se levèrent. Blake ne lâchait pas Ferial qui avait bien besoin de ce contact pour ne pas lâcher prise. La vague avait fait son office. L'assassine avait été dévorée par l'océan.

[HS : désolée, pas d'image cette fois-ci. Encore un post et s'en est terminé de cette rétro]
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MessageSujet: Re: [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything   [Rétro - 4 ans] You Haven't Told Me Anything EmptyLun 22 Avr - 14:38

Épilogue

Le fiacre s’arrêta devant le portail. Ferial descendit prestement, attendit en trépignant que le cocher lui passe sa valise puis le paya. Une fois le véhicule repartit, elle se précipita sur la porte d’entrée, l’ouvrit en grand, se retrouva dans une maison vide de toutes présences. Ses yeux s’arrêtèrent sur la pendule du couloir. Il était très tôt et la plupart des serviteurs devaient dormir. Connaissant St. John, il devait soit s’être endormi dans son « cabinet de recherche », comme il aimait à l’appeler, soit être déjà parti au Bureau. Bref, elle sentait qu’il n’était pas là. Elle s’avança dans le couloir, déposa sa valise. Un ronronnement s’éleva au-dessus de sa tête et elle découvrit Filibert le vieux chat roux dont les yeux verts scintillaient entre les barreaux de l’escalier. Elle lui caressa le bout du museau. La lumière extérieure baignait tout le couloir jusqu’à la cuisine, et une partie du salon. La demeure de St. John, dernier vestige de son héritage, était tout en hauteur. Au premier abord, on pensait qu’il n’y avait pas assez d’espace pour une maison d’aristocrate. Mais plusieurs étages s’élevaient au-dessus de sa tête. Elle aimait cette maison, elle s’y sentait chez elle depuis le premier jour où St. John l’y avait fait entrer.
Ferial referma la porte et héla un autre taxi.

L’agitation régnait au sein du Bureau alors qu’elle sortait de l’ascenseur. Tous les agents censés se trouver sur le terrain avaient vraisemblablement été rappelés d’urgence au QG. Les mains dans les poches de son trench-coat, Ferial s’avança au milieu de la cohue. Personne ne semblait avoir remarqué son arrivée. La douce lumière du jour envahissait les grandes salles du Bureau et rendait la scène un peu étrange. Quelqu’un buta contre elle alors qu’il rassemblait des papiers dans ses bras. Ferial se recula et découvrit Matthew, l’une des jeunes recrues de l’agence, la regarder avec de grands yeux. Il repartit dans la confusion sans lui adresser un mot. De moins en moins rassurée, la jeune femme partit en quête d’Olivia Hewitt, la directrice actuelle du Bureau. Elle traversa la salle principale, zigzagua entre les agents et longea le long couloir jusqu’au bureau d’Hewitt. Elle la verrait sûrement assise en amazone sur la table, vêtue de l’une de ses sempiternelles tenues provocantes et qui plus est de sa création. Mais alors que sa main se rapprochait de la poignée, la porte s’ouvrit brusquement et Mattheson, le secrétaire aux Affaires étrangères et second d’Olivia Hewitt, apparut dans l’encadrement. Ses cheveux étaient légèrement décoiffés et ses yeux étaient plus que jamais marqués par les cernes. « Ah, Ferial… vous voilà enfin. Venez. »
Il l’attrapa sèchement par le bras, la forçant à entrer dans la pièce. Ils ne s’étaient jamais vraiment appréciés mais là il allait entendre parler d’elle. Ferial se dégagea et pivota vers lui, mais elle s’immobilisa soudain. La directrice était assise consciencieusement sur sa chaise, des lunettes sur le nez, en train de vérifier un tas de paperasse. La jeune femme ne l’avait jamais vue avec un air aussi sérieux et grave sur le visage. Les rideaux avaient été tirés et un mince rayon de lumière était parvenu à s’immiscer dans la pièce. La bouche d’Olivia n’était plus qu’un trait saturé de rouge à lèvre et marquée de petites rides soucieuses. Au bout d’une longue minute elle leva enfin les yeux sur Ferial. « Miss Grindwell, asseyez-vous je vous prie.
- Que se passe-t-il ? répliqua Ferial, qui resta debout. Il y a eu un attentat contre la reine ou je ne sais quoi pour que tout le monde soit sur le pied de guerre ?
- Trêve de plaisanteries, petite idiote. Asseyez-vous. Tout de suite. »
Fronçant les sourcils, la jeune femme s’exécuta avec déplaisir. Mattheson demeura contre la porte, le visage dans l’ombre. Ferial se sentit brusquement très mal, le cœur au bord des lèvres. « Vous allez me dire ce qui se passe ?! » Hewitt tira sur sa longue cigarette. « Un agent a disparu.
- St. John a disparu, corrigea Mattherson avec sa franchise habituelle. »
Ferial se figea. Elle souffla : « Il va revenir. Comment pouvez-vous douter de lui ?
- C’est différent. Cela fait bientôt 72 heures que nous n’avons pas de nouvelles de lui. Il était en filature et n’a jamais donné d’indication sur le lieu de sa planque, ni sur l’avancée de sa mission. Des témoins l’auraient vu à divers endroits de Gillingham, mais rien n’est sûr.
- Il va revenir.
- Grindwell, cessez de croire qu’il est indestructible ! aboya Mattheson derrière elle. Il a dû se faire repérer. Si ça se trouve, on va retrouver son corps flotter dans les eaux de la Holloway !
- Thomas, fermez-la ! »
Mattheson se tut. Hewitt soupira et se concentra à nouveau sur Ferial. « Rentrez chez vous, Miss Grindwell. Nous allons nous occuper de l’affaire.
- Chez moi… C’est chez St. John. »
Ferial se leva et sortit de la pièce, ignorant le regard lourd de Mattheson. Le temps était parfait. Trop parfait pour entendre une telle nouvelle. Mais alors que Ferial marchait dans la rue, elle comprit en réalité que le soleil était froid et que les nuages stagnaient dans le ciel, presque menaçant. Qu’il n’y aurait pas d’amélioration.

Le vide dans la maison lui apparut plus clairement quand elle entra. D’un pas lent elle alla s’installer dans le fauteuil préféré de St. John, placé près de la fenêtre. Au bout de quelques heures, on frappa à la porte. Ferial était restée dans le fauteuil et n’avait même pas pris la peine d’enlever son manteau. On frappa encore, avec insistance. On frappa, puis plus rien. Un soupir, le bruit d’une enveloppe qui glisse dans la lucarne et le silence. La pluie commença à frapper le toit et les vitres. « Mademoiselle ? » Penny apparut, tenant une bougie. Ferial, qui n’avait pas bougé depuis son arrivée, enleva ses chaussures, ramena ses genoux contre sa poitrine et se mit à pleurer.


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