Avant qu'Anya ait pu se décider sur la marche à suivre, Vladimir s'était précipité sur la porte et l'avait ouverte d'un coup sec avant de s'immobiliser net tandis que son visage prenait toutes les teintes d'une fureur à peine contenue. Anya s'était alors glissée derrière lui pour découvrir une scène relativement surprenante. La militaire, Phaera, maintenait Seth au sol tout en le menaçant d'une arme alors que Kedran ne semblait plus savoir où se mettre (décidément ce n'était pas sa journée à l'homme de main...). Vu leurs positions et le fait que le pistolet brandi par Phaera ne ressemblait guère à une arme de service réglementaire, Anya estima que celle ci avait du maîtriser Seth après qu'il l'ait menacée. Ainsi donc leurs rapports ne paraissaient pas être au beau fixe non plus. Finalement les choses ne tournaient pas si mal que ça...

Malgré tout quelque chose dérangeait toujours la jeune femme. Elle aurait cru ce Seth plus dangereux que ça, même pour une militaire aguerrie, et d'ordinaire son instinct ne la trompait pas sur ces choses là.
Le hurlement de Vladimir mit soudain fin aux réflexions de la mercenaire. Le vieil homme bouillonnait tellement de rage qu'Anya eut presque l'impression de se trouver près d'une chaudière steam en surchauffe. On aurait dit qu'il était sur le point d'exploser.
En chef de maison dans son bon droit, Vladimir vociféra une suite de directives sèches et péremptoires alors que débarquaient de toute part des gardes du corps arme au poing.

Phaera fut bien rapidement congédiée et le chef de famille tourna les talons laissant Seth et Kedran interdits au milieux de ses "domestiques".
Ravalant un instant sa colère, il s'adressa à Anya, s'excusant pour ce qu'il venait d'advenir et lui annonçant qu'il se retirait.

"Il n'y a pas de mal, ne vous en faîtes pas."

glissa simplement la jeune femme alors que son hôte s'éloignait.

Préférant ne pas attendre que Seth et son homme de main ne se soient remis de leurs émotions et profitant du mur de gardes du corps qui la séparait d'eux, Anya en profita pour gagner la sortie du manoir sans se faire prier. Alors qu'elle descendait sur le perron, un domestique l'interpella, lui proposant de mettre à sa disposition une voiture avec chauffeur comme à l'allée. Elle déclina cependant l'offre poliment prétendant ne pas vouloir abuser de la bonté de monsieur Sevastianev.
Elle appela donc une compagnie de taxi depuis son portable à peine sortie de la propriété. Par chance, l'une des voitures de la compagnie venait de terminer sa course non loin, aussi n'eut elle pas à attendre plus de deux minutes. Montant à l'arrière elle donna sa destination au chauffeur puis s'affala sur le siège en repensant aux évènements de cette soirée mouvementée. Le taxi n'avait pas fait cinq cent mètres qu'elle reconnu une silhouette familière marchant sur le trottoir. Elle fit stopper le taxi à sa hauteur et ouvrit la portière.

"Je vous raccompagne, capitaine?"

fit elle à l'attention de Phaera Xarran.

Colère. Douleur. Haine.

Paranoïa.
Comme si l’intégralité de son existence venait de se rejouer en accéléré devant ses yeux sans qu’il ne pu rien y faire. Ne manquait au tableau qu’Ambre, qui continuait à lui échapper. Ne manquait que Nina, dont le corps pourrissait dans le caveau familiale.

Vladimir vociférait des ordres dont le sens lui échappait. Phaera relâcha sa prise. La pièce grouillait maintenant de gardes du corps armés.

Kedran se pencha à côté de lui et l’aida à se remettre sur pied. Il avait mal et peinait à respirer. Un dernier coup d’œil méprisant et les acteurs quittèrent la scène. L’abandonnant seul avec son mercenaire.

« - ça va aller boss ?
-…
- Bougez pas jvais vous aider, tfaçon le parking est pas loin…
- Ferme-la pauvre con ! »
Il saisi son cellphone et composa rapidement un numéro.
« - 31-A j’écoute ?
-vous êtes en poste ?
-oui monsieur…
- une jeune femme brune de taille moyenne, type caucasien, devrait sortir dans quelques secondes…
-Affirmatif monsieur, je la vois…
-Je veux savoir où elle crèche ! Restez discret…
-Bien comprit. »

Il raccrocha et désigna d’un geste vague son sac à Kedran. Le mercenaire affichait une mine boudeuse qui indiquait qu’il appréciait moyennement de se faire sucrer sa filature par un autre garde du corps de Seth.
« - Boss… jpouvais très bien le faire moi…
- Elle s’y attend pauvre abruti… t’en as assez fait pour aujourd’hui… tu me raccompagnes et tu décroches pour ce soir, okay ?
- Ouais ouais…
- Et cette salope de Phaera… »

***
La voiture s’arrêta dans la cours de la grande demeure Liekaterinev. La musique et les cris des junky résonnaient encore fortement malgré l’heure avancée. Seth appuya son visage sur la vitre teinté, laissant la froidure du verre apaiser un instant le flot de sang harassant douloureusement ses tempes, puis sorti. Daniel se tenait dans l’entrée, visiblement alerté par Kedran qui n’en menait pas large et tentait de se faire aussi petit que sa masse le lui permettait.
« - C’est bon casse toi…
- Yep boss ! » Le mercenaire disparu en un temps records, se gardant de prendre le risque d’une nouvelle séance de remontrance. Daniel le dévisageait :
« - Je vais prévenir le médecin..
- C’est pas la peine… appel moi plutôt Benson, j’ai besoin de le voir demain…
- …Vladimir ?
- Non, un petit souci avec l’armée…Phaera.
- Je vois…N’oublie pas que demain tu dois voir Ash O’Graham
- Hum… »


Et il disparu dans les méandres des couloirs envahis « d’invités », d’outils pris au piège de cette drogue qui faisait sa fortune, de victimes obsolètes du système, laissant derrière lui un nuage de rancœur et d'aversion profonde pour ce qui avait été jusqu’au bout…

Une mauvaise journée.

Phaera sorti du manoir Sevastianev, elle venait d'achever sa première soirée à terre et déjà elle s'était mise en mauvaise situation, elle savait que Seth ne la laisserai pas s'en tirer comme ça et qu'elle ne pouvait pas rentrer chez elle puisqu'elle avait fait l'erreur de l'y inviter.

« Après tout ça n'aurait pas été excitant si le repas s'était passé normalement » chuchota-t-elle alors qu'elle marchait lentement sur le trottoir des quartiers aiser du consortium.

Elle regarda dans sa main fier de sa prise... Esquissa un sourire satisfait, l'arme du rouquin, et de plus une arme qu'elle ne possédait pas dans sa collection, sans doute une édition rare et trafiqué par quelques artisans douteux.

Un moteur de voiture se fit entendre au loin, Phaera n'y prêta pas attention trop absorbée par ses pensées jusqu'à ce qu'elle entendent le grincement des freins suivi d'une voix familière :

"Je vous raccompagne, capitaine?"

L'elfe releva les yeux encore rougit par sa colère qu'elle tentait de contenir. Elle fut d'abord surprise, puis cacha l'arme pour ne pas effrayer la femme.

« Hé bien … si cela ne vous dérange pas.
-Ne vous inquiétez pas allez-y monter.
-Merci … Anya »

Elle prit place au coté d'Anya et s'installa confortablement, la voiture reparti aussitôt.

>suite<